Le président israélien Shimon Peres a assuré lundi à Washington qu'Israël ne céderait pas à la menace nucléaire iranienne, alors que la volonté de dialogue de Washington avec l'Iran représente une source de division entre les Etats-Unis et Israël.

M. Peres a été très applaudi lorsqu'il a plaidé pour la fermeté face à l'Iran devant l'Aipac (American Israel Public Affairs Comittee), un puissant groupe de pression pro-israélien.

«Malheureusement, le Proche-Orient se trouve sous la menace nucléaire. Nous n'abandonnerons pas. Nous ne nous rendrons pas», a dit M. Peres devant environ 6 000 personnes.

«Dans l'histoire, l'Iran a cherché à enrichir l'humanité. Aujourd'hui, hélas, les dirigeants iraniens veulent enrichir l'uranium. Pour quoi faire?», s'est-il interrogé, en évoquant les craintes que l'Iran ne cherche à fabriquer une bombe atomique.

«En plus de l'option nucléaire, ils (les Iraniens) investissent énormément dans des missiles de longue portée», a-t-il ajouté.

Le président israélien a également mis en garde contre la menace pour la paix régionale que constitue le soutien de l'Iran à des mouvements hostiles à Israël comme le Hezbollah au Liban et le Hamas dans la bande de Gaza.

Au moment où l'administration Obama cherche à ouvrir le dialogue avec la république islamique, qui prône la destruction d'Israël, l'Aipac soutient un projet de loi présenté par 25 sénateurs américains, qui vise à donner à M. Obama davantage d'autorité pour sanctionner les compagnies exportant de l'essence vers Téhéran.

L'Iran, grand producteur de pétrole, doit importer 40% de son essence. Il traite essentiellement avec cinq sociétés européennes et une indienne. Il s'agit des sociétés suisses Vitol et Glencore, de la compagnie helvético-danoise Trafigura, du groupe français Total et du britannique BP, ainsi que du groupe indien Reliance. Le groupe Lloyds of London assure la grande majorité des navires transportant l'essence jusqu'en Iran.

L'opinion publique israélienne se méfie de M. Obama, qu'elle considère comme un ami d'Israël moins inconditionnel que son prédécesseur George W. Bush.

Robert Satloff, directeur du Near East Institute de Washington, a prévenu dimanche à la tribune de l'Aipac qu'il existait un risque potentiel de «profonde divergences entre les Etats-Unis et Israël sur la façon de gérer un Iran nucléaire».

«S'il n'est pas géré correctement», a-t-il relevé, ce problème pourrait provoquer «le désaccord bilatéral le plus grave entre les Etats-Unis et Israël depuis 61 ans».

M. Peres a aussi promis qu'Israël chercherait à obtenir la paix avec les Palestiniens et le reste de la région en s'appuyant sur la position de force que lui assure sa puissance militaire. «Notre armée est là pour assurer la défense si nécessaire et la paix si possible», a-t-il dit.

«Je vais voir le président (américain Barack) Obama demain. Je vais prononcer un message fort de la part d'un pays aspirant à la paix, aspirant à l'amitié avec les Etats-Unis», a dit le prix Nobel de la Paix.

Il sera le premier haut responsable israélien à rencontrer M. Obama depuis l'arrivée de la nouvelle administration au pouvoir et depuis les élections de février en Israël, qui ont abouti à la formation d'un gouvernement de droite dirigé par Benjamin Netanyahu.

Le président américain a invité M. Netanyahu, ainsi que les présidents palestinien Mahmoud Abbas et égyptien Hosni Moubarak à Washington dans les prochaines semaines et appelé toutes les parties concernées à des gestes de bonne volonté.

M. Obama pense qu'une résolution du conflit passe par la création d'un Etat palestinien mais M. Netanyahu écarte une telle option.