Un prince d'Abou Dhabi, qui a fait scandale pour son apparition dans une vidéo le montrant en train de torturer un homme, pourrait être impliqué dans plus de 25 autres cas de torture, selon les accusations de l'un de ses anciens associés, relayées par son avocat américain.

Une vidéo diffusée le 22 avril par la chaîne américaine ABC montrait le cheikh Issa Ben Zayed Al-Nahyane en train de battre un homme avec un bout de bois clouté et mettre du sel sur ses blessures. L'homme torturé avec l'aide d'un policier est un marchand afghan qui aurait égaré une cargaison de grains d'une valeur de 5 000 dollars, selon ABC. On peut voir aussi dans la vidéo une voiture rouler sur ses jambes.

L'avocat de l'homme d'affaires américain Bassam Nabulsi, un ancien associé du cheikh affirmant avoir lui aussi été torturé, a écrit au ministère de la Justice d'Abou Dhabi, en disant disposer des preuves filmées de l'implication du cheikh dans plus de 25 autres cas de torture.

«J'ai plus de deux heures d'images vidéo montrant l'implication de cheikh Issa dans la torture de plus de 25 personnes», écrit l'avocat texan Anthony Buzbee, dans cette lettre dont l'AFP s'est procuré copie.

«J'ai aussi accès à au moins trois témoins, qui tous témoigneront que la brutalité exhibée par le cheikh Issa dans les vidéos tient d'une ligne de conduite qui n'est pas récente (...) Je peux aussi fournir d'autres témoins qui étaient effectivement présents pendant plusieurs séances de torture de cheikh Issa», ajoute l'avocat dans cette correspondance révélée en premier lieu par l'hebdomadaire britannique The Observer.

Cheikh Issa est le frère du souverain d'Abou Dhabi, cheikh Khalifa Ben Zayed Al-Nahyane, également président de l'État des Emirats.

Le gouvernement d'Abou Dhabi avait indiqué jeudi que le différend entre le cheikh Issa et sa victime afghane avait été réglé et qu'aucune plainte n'avait été déposée.

Mais il avait aussi condamné le comportement du cheikh et indiqué que le ministère de la Justice allait examiner la vidéo et publier ses conclusions le plus tôt possible.

«Encouragé» par le fait qu'Abou Dhabi ait décidé d'étudier le dossier, l'avocat de M. Nabulsi se dit toutefois «sceptique quant aux chances d'assister à une véritable enquête, plusieurs responsables du gouvernement d'Abou Dhabi étant au courant du problème depuis des années, et des membres du gouvernement ayant été impliqués» dans certains de ces cas de torture, souligne-t-il.

Abou Dhabi est le principal émirat de la fédération des Emirats arabes unis.