Au moins 58 personnes ont été tuées vendredi par deux kamikazes près d'un haut lieu du chiisme à Bagdad, nouveau signe que l'Irak plonge à nouveau dans la violence aveugle à neuf semaines du retrait prévu des troupes américaines des villes.

Le double attentat a fait au moins 125 blessés vers midi (09H00 GMT), peu avant le début de la grande prière du vendredi, alors que des fidèles se rendaient au mausolée de l'imam Moussa al-Kadhim, à Kazimiyah, dans le nord de Bagdad.

Les deux explosions ont eu lieu près d'un groupe de pèlerins iraniens et sur un marché à proximité, selon un blessé admis dans un hôpital du quartier.

«Selon nos chiffres, 58 personnes ont été tuées, dont 20 pèlerins iraniens, et 125 ont été blessées, dont 80 Iraniens», a déclaré à l'AFP un responsable du ministère de la Défense. Un responsable de l'Intérieur a parlé de 60 morts, dont 25 Iraniens, et confirmé le nombre de blessés.

Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière à Bagdad depuis mars 2008 et le second attentat frappant en 24 heures des pèlerins iraniens, qui viennent par centaines de milliers chaque année visiter les lieux saints du chiisme en Irak.

Ces derniers mois, les groupes insurgés avaient surtout pris pour cible les forces irakiennes et les milices anti-Qaïda alliées.

L'hôpital était empli vendredi des cris de blessés. Touchée à la main et à la tête, Sabiha Kazem a déclaré à l'AFP avoir perdu quatre membres de sa famille.

«Je me trouvais près du mausolée et il y a eu une énorme explosion et du feu», a confié à l'AFP cette femme de 50 ans originaire de Diwaniyah (sud). «Il y avait des morceaux de corps humains partout.»

Qassem Zada, un Iranien de Téhéran âgé de 62 ans, visitait pour la seconde fois le mausolée avec son épouse.

«Je n'étais qu'à quelques mètres de l'explosion et j'ignore ce qui s'est passé», a-t-il dit, le torse et la jambe atteints et les vêtements en sang.

Un responsable de l'hôpital a précisé qu'un bébé de quatre mois avait été blessé, et que toute sa famille avait péri dans l'attentat.

Depuis début avril, plus de 250 personnes sont mortes et près de 650 ont été blessées, confirmant le regain de violences observé depuis février.

Jeudi a été la journée la plus sanglante depuis plus d'un an avec la mort d'au moins 87 personnes dans trois attentats suicide.

Un kamikaze s'est fait exploser dans un restaurant de Mouqdadiyah, à une centaine de kilomètres au nord de Bagdad tuant au moins 56 personnes dont 52 pèlerins iraniens, et blessant 63 autres, dans l'attentat le plus meurtrier depuis le début de l'année en Irak.

Enfin, dans l'est de Bagdad, 28 personnes ont péri quand une kamikaze vêtue de la traditionnelle abaya noire s'est mêlée à des femmes et des enfants rassemblés pour une distribution de nourriture de la police. L'attentat a fait également 52 blessés.

Les Irakiens se montraient vendredi plus prudents sur l'arrestation annoncée la veille d'Abou Omar al-Bagdadi, chef présumé d'Al-Qaïda en Irak.

«L'enquête se poursuit. Je ne peux pas en dire plus à ce stade», a déclaré le porte-parole militaire de Bagdad, le général Qassem Atta, qui avait annoncé jeudi sa capture.

Sa mort ou son arrestation ont été annoncées à plusieurs reprises dans le passé et le Pentagone n'a pas voulu confirmer sa capture.