L'armée irakienne a déclaré avoir arrêté le mystérieux chef d'Al-Qaeda en Irak, Abou Omar al-Bagdadi, jeudi à Bagdad, tandis que plus de 70 personnes étaient tuées dans deux attentats suicide particulièrement meurtriers, selon des responsables de la sécurité.

«Sur la foi d'informations que nous avons reçues, les forces irakiennes ont arrêté le criminel terroriste Abou Omar al-Bagdadi à Bagdad», a dit à l'AFP le porte-parole militaire de Bagdad, le général Qassem Atta.

Le premier chef d'Al-Qaeda en Irak, Abou Moussab al-Zarqaoui, avait été tué en juin 2006 par les Américains. Il fut ensuite remplacé plusieurs mois par Abou Ayoub al-Masri avant que l'«État islamique d'Irak», proclamé par Al-Qaeda en octobre 2006, n'annonce qu'al-Bagdadi était devenu son chef.

Ce n'est pas la première fois que les autorités annoncent la mort ou l'arrestation de ce chef rebelle, dont l'existence même a été mise en doute par les Américains.

En mars 2007, le ministère irakien de l'Intérieur avait déjà annoncé son arrestation avant de se dédire. Deux mois plus tard, le même ministère annonçait qu'il avait été tué par des forces américaines et irakienne dans le nord de Bagdad.

Pour compliquer le tout, en juillet 2007, l'armée américaine avait assuré qu'al-Bagdadi n'avait jamais existé et qu'il s'agissait d'un personnage de fiction inventé par Al-Qaeda.

Mais le 30 décembre 2007, Oussama ben Laden, le chef du réseau, avait demandé à «tous les musulmans d'Irak de se rallier à Abou Omar al-Bagdadi».

Par ailleurs, deux attentats suicide ont fait au moins 73 morts à Bagdad et près de Baqouba, au nord-est de la capitale, faisant de jeudi une des journées les plus sanglantes des derniers mois, selon l'armée et des responsables de la sécurité.

Au moins 45 personnes, dont plusieurs pèlerins iraniens, ont été tuées par un kamikaze dans un restaurant près de Baqouba, a annoncé un responsable de l'armée.

Le restaurant était rempli de pèlerins iraniens en route pour la ville sainte chiite de Kerbala, au sud de Bagdad.

À Bagdad 28 personnes ont été tuées et 52 blessées dans un attentat suicide contre une patrouille de police, selon des responsables au ministère de l'Intérieur et de la Défense.

«Des policiers irakiens distribuaient de l'aide humanitaire à des familles déplacées quand un kamikaze s'est fait exploser» dans le sud-est de la ville, a déclaré à l'AFP un responsable du ministère de l'Intérieur.

Il a précisé que 28 personnes avaient été tuées et 52 blessées, un bilan confirmé par un responsable du ministère de la Défense.

Selon la police, la kamikaze était une femme qui portait la traditionnelle abaya noire cachant ses explosifs.

Un employé de l'hôpital Ibn Nafis a indiqué à l'AFP que des parents se battaient pour connaître les noms des victimes. Cet établissement a reçu les corps de dix policiers, cinq enfants et une femme ainsi que 25 blessés.

L'Irak connaît ces dernières semaines un regain de violences sanglantes, particulièrement des attentats suicide au véhicule piégé, après plusieurs mois de baisse des attentats.

La semaine dernière, au moins 10 policiers ont été tués et 22 blessés par une voiture piégée à Kirkouk (255 km au nord de Bagdad), une province riche en pétrole disputée entre Kurdes, Turcomans et Arabes.

Le 10 avril, cinq soldats américains avaient été tués dans un attentat suicide au camion piégé à Mossoul (nord), le dernier bastion urbain d'Al-Qaeda en Irak. Cet attentat revendiqué par la branche irakienne d'Al-Qaeda était le plus sanglant contre l'armée américaine depuis mars 2008.

Cette recrudescence des violences survient alors que les 140 000 soldats américains commencent à se retirer progressivement d'Irak, plus de six ans après l'invasion de mars 2003.