Une attaque suicide contre une milice anti Al-Qaeda a fait au moins neuf morts et 33 blessés samedi au sud de Bagdad, dernier attentat d'une semaine de violences en augmentation alors que les soldats américains se retirent progressivement d'Irak.
Au total, depuis dimanche dernier, 70 personnes ont été tuées et près de 300 blessés dans des attentats, notamment à Bagdad. Cet attentat intervient notamment au lendemain de la mort de cinq soldats américains dans un attentat suicide au camion piégé perpétré à Mossoul, le dernier bastion urbain d'Al-Qaeda en Irak. Cet incident a constitué l'attaque la plus meurtrière contre les forces de la coalition depuis plus d'un an.
Samedi, un kamikaze a actionné sa ceinture d'explosifs dans le quartier général des milices de Sahwa, ces anciens insurgés reconvertis dans la lutte contre Al-Qaeda, a déclaré à l'AFP le lieutenant Haidar Al-Lami joint à Latifiyah, à 60 km au sud de Bagdad.
L'incident s'est produit au moment où l'armée irakienne venait payer les salaires de ces membres des Sahwa de la province de Babylone.
Selon le lieutenant Lami, les victimes sont des soldats et des membres des Sahwa.
La région comprenant notamment Latifiyah avait été baptisé le «triangle de la mort» après l'invasion de 2003 car les insurgés sunnites contrôlant cette région agricole y tuaient des chiites qui traversaient cette zone pour gagner les villes saintes de Kerbala et de Najaf.
Début mars, dix Irakiens avaient été tués et 56 blessés dans un attentat à la camionnette piégée sur un marché au bétail à Medhatiyah, dans la même région.
Et le 13 février, un attentat suicide à Iskandariyah, également dans la province de Babylone, avait fait au moins 35 morts, des pèlerins se rendant à Kerbala.
Considérés comme des traîtres par leurs anciens compagnons d'armes insurgés ou membres d'Al-Qaeda, les Sahwa sont l'objet d'attentats, attaques et assassinats depuis plusieurs mois.
Appelés «Fils d'Irak» par les Américains ou Sahwa («Réveil» en arabe), ces milices sunnites sont apparus en septembre 2006 dans la province sunnite d'Al-Anbar (ouest), à l'initiative des chefs locaux de tribus encouragés par l'armée américaine.
Ces Irakiens, souvent des insurgés combattant les forces de la Coalition, avaient retourné leurs armes contre leurs anciens compagnons et contre le réseau Al-Qaeda, jugé trop extrémiste et sanguinaire. Les Américains les ont largement utilisés dans le cadre de leur stratégie de contre-insurrection.
Financés par l'armée américaine, ils ont fortement contribué à la baisse des violences amorcée au second semestre 2007.
Le 2 avril, l'armée américaine a remis aux autorités irakiennes le contrôle de la totalité des 92 000 membres des «Sahwa».
Le commandement américain estime qu'Al-Qaeda, même affaibli, conserve la capacité de monter des opérations complexes.
Le niveau des violences a baissé ces derniers mois en Irak tombant à son niveau le plus bas depuis les premiers mois de l'invasion américaine en mars 2003.
Mais une série d'attentats en mars et début avril, notamment à Bagdad avec six attentats à la voiture piégée le 6 avril qui ont fait 34 morts et près de 130 blessés, ont ravivé les craintes d'un regain des violences alors que les 140 000 soldats américains commencent à se retirer progressivement d'Irak.
Conformément aux ordres du président américain Barack Obama, l'armée américaine doit retirer 12 000 soldats d'ici septembre. Le président américain a également annoncé le retrait du gros de ses troupes d'ici fin août 2010, avant un désengagement total avant fin 2011.