Dix personnes, sept civils et trois policiers, ont été tuées mercredi dans une attaque-suicide, accompagnée d'une fusillade, lancée par quatre kamikazes contre l'assemblée provinciale de Kandahar, le berceau des talibans dans le sud de l'Afghanistan.

Les quatre assaillants, déguisés en militaires afghans selon les témoins, ont également été tués, deux d'entre eux en se faisant exploser, les deux autres abattus par les forces de l'ordre, a annoncé le gouvernement.

Les attaques menées par les talibans sont quotidiennes à Kandahar et dans sa province, de même que dans la province voisine du Helmand, qui sont avec l'est les principaux foyers de l'insurrection.

Après une relative accalmie hivernale, ces attaques sont en recrudescence, alors que le sud du pays s'apprête à accueillir avant l'été des milliers de soldats américains supplémentaires, en appui de la nouvelle stratégie du président Barack Obama contre Al-Qaïda et les groupes islamistes.

Les quatre hommes sont arrivés jusqu'à l'assemblée, dans un quartier hautement sécurisé de la ville, à bord d'un 4X4. «Trois des assaillants sont sortis, le quatrième est resté dans le véhicule et l'a fait exploser», a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Zemarai Bashary.

Puis les trois autres kamikazes «ont pénétré dans la cour et ont ouvert le feu sur des civils», selon le porte-parole.

Une fusillade a éclaté à l'arrivée des forces de l'ordre. Deux attaquants ont été tués et le quatrième a actionné sa ceinture d'explosifs.

Trois policiers et sept civils ont été tués, selon le ministère de l'Intérieur qui a accusé «les ennemis du pays», terme désignant les insurgés islamistes, notamment les talibans.

Les autorités locales ont fait état de 16 blessés.

Agha Lalai, un conseiller provincial, a raconté qu'une «grosse explosion» avait éventré la grille d'entrée.

«Puis des gens sont entrés et ont ouvert le feu dans le hall». «Nos gardes du corps ont riposté. Une autre explosion s'est produite. C'est comme si l'un d'eux s'était fait exploser quand les gardes ont tiré», a-t-il dit.

Un chauffeur a raconté avoir vu la voiture piégée arriver.

«Trois hommes portant des uniformes de l'armée afghane sont entrés. Ils se sont mis à tirer dans toutes les directions», a raconté à l'AFP Sayed Ahmad, 25 ans.

Le Conseil provincial, une assemblée élue, est présidé à Kandahar par Ahmad Wali Karzaï, un frère du président Hamid Karzaï, qui était absent à ce moment-là.

Kandahar, la grande ville du sud de l'Afghanistan, est le berceau des talibans, qui ont dirigé le pays entre 1996 et la fin 2001, lorsqu'ils ont été chassés du pouvoir lors de l'offensive militaire conduite par les Etats-Unis.

Depuis, les talibans, alliés au réseau Al-Qaïda, se sont regroupés principalement dans le sud et l'est du pays, près de la frontière avec le Pakistan, ainsi que dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan où ils se sont alliés avec des talibans pakistanais.

L'insurrection s'est intensifiée depuis deux ans, malgré la présence sur le sol afghan de 75.000 soldats étrangers, visant le plus souvent les forces afghanes, des cibles gouvernementales ou les militaires étrangers.

Les Etats-Unis, dont 38.000 militaires sont déployés en Afghanistan, s'apprêtent à envoyer en renfort 17.000 soldats pour combattre les talibans, ainsi que 4.000 autres dans le cadre de la formation des forces afghanes.

Des renforts civils aideront également au développement économique et politique de l'Afghanistan.