La conférence de La Haye sur l'Afghanistan a permis à la communauté internationale de renouveler largement son soutien au régime de Kaboul et a été marquée par un petit pas de plus vers un réchauffement entre les États-Unis et l'Iran.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a utilisé cette tribune pour expliquer la «nouvelle stratégie» afghane présentée le 20 mars par le président Barack Obama.

Elle a notamment appuyé l'offre d'amnistie pour les talibans qui renonceraient à la violence et rompraient avec Al-Qaïda.

Le président afghan Hamid Karzai, qui plaide depuis longtemps pour une tentative de conciliation avec les talibans les moins radicaux, s'en est félicité.

Il a jugé par ailleurs «urgent» de mettre en place «un plan d'investissement dans les forces de sécurité afghanes», dont son gouvernement veut doubler les effectifs.

Les responsables internationaux ont tous insisté sur la nécessité de mieux coordonner et dépenser plus efficacement l'aide à l'Afghanistan. Ils ont aussi manifesté leur appui à un processus électoral «transparent» et «équitable» en vue de la présidentielle d'août, et sur la lutte contre la production et le trafic de drogue.

«Il s'agit d'une année critique», a estimé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, en soulignant qu'«échouer serait trahir le peuple afghan».

Montrant une audace croissante depuis deux ans, les talibans ont multiplié les attaques et des attentats malgré la présence de 70.000 soldats étrangers.

Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a indiqué que le président français Nicolas Sarkozy devrait annoncer au sommet de l'Otan samedi l'envoi de 150 gendarmes français en Afghanistan dans le cadre de la force de gendarmerie européenne.

M. Kouchner a espéré que les autres pays participant à la mission -l'Italie, l'Espagne, le Portugal et les Pays-Bas- envoient environ 300 autres gendarmes.

Un geste qui montrerait que les Européens ont «entendu» M. Obama, qui a appelé à renforcer le volet civil de la reconstruction de l'Afghanistan.

Mme Clinton a sans surprise affirmé que «les efforts de la communauté internationale en Afghanistan» depuis 2001 avaient été «insuffisants en termes d'hommes, de ressources et de financement» et qu'«il fallait en finir» avec ces lacunes.

Mais, a-t-elle martelé, les problèmes de l'Afghanistan «ne peuvent pas être réglés sans le peuple afghan, et ne peuvent pas l'être non plus sans l'aide de ses voisins».

Venu donner son aval à cette nouvelle politique impliquant les pays voisins de l'Afghanistan pour tenter de stabiliser ce pays, l'Iran a d'abord accepté dans la matinée l'offre américaine de coopérer à cette fin.

«Saluant les propositions de coopération des pays contributeurs en Afghanistan, la République islamique d'Iran est tout-à-fait prête à participer aux projets destinés à combattre le trafic de drogue et aux projets de développement et reconstruction en Afghanistan», a déclaré son vice-ministre des Affaires étrangères Mohammad Mehdi Akhoundzadeh.

La nouvelle atmosphère entre les deux pays brouillés depuis 30 ans a été illustrée ensuite par une rencontre fortuite, selon Mme Clinton, entre le représentant spécial des Etats-Unis pour l'Afghanistan Richard Holbrooke et M. Akhoundzadeh.

Au cours de leur «échange» qualifié de «bref mais cordial», les deux hommes ont convenu de «garder le contact», a précisé Mme Clinton, qui a jugé la présence iranienne «prometteuse d'une coopération future».

Le vice-ministre iranien n'en a pas moins critiqué les renforts américains, qui, estime-t-il, se révéleront «inefficaces», appelant à porter l'effort sur le renforcement de la police et de l'armée afghanes.