Moshé Katzav, inculpé jeudi de viol et harcèlement sexuel, a été le premier homme politique de droite à accéder à la présidence d'Israël, point d'orgue d'une carrière sans éclat qui s'est achevée dans la disgrâce.

L'image d'homme digne et intègre dont il jouissait dans le pays a volé en éclat avec les premières révélations, en juillet 2006, de multiples scandales sexuels l'impliquant.

«Il était comme Jekyll et Hyde, docteur la journée et tueur la nuit. J'ai vu son côté monstrueux»: c'est ainsi que l'a décrit une ex-employée qui l'accuse de l'avoir violée alors qu'il était ministre du Tourisme à la fin des années 1990.

Après avoir accusé la presse d'ourdir «un ignoble complot pour (le) salir» il a fini par reconnaître des délits sexuels après un compromis avec la justice pour échapper à la prison.

Mais lorsqu'il comparaît devant un tribunal de Jérusalem en avril 2008, il annule cet accord, clamant vouloir se défendre «jusqu'à ce que la vérité sorte». Mais il s'expose surtout à une inculpation beaucoup plus lourde.

Le 12 mars, il se dit victime d'un «lynchage organisé par le conseiller juridique du gouvernement (Menahem) Mazouz, la police, les hommes politiques et la presse».

Politicien chevronné du parti Likoud (droite), M. Katzav, 63 ans, d'origine iranienne, a été élu président en 2000 par les députés qui l'avaient préféré, à la surprise générale, au vétéran Shimon Peres. C'est justement M. Peres qui lui a succédé en juillet 2007.

M. Katzav était le premier homme de droite à occuper les fonctions, largement protocolaires, de président, pour un mandat de sept ans indéfiniment renouvelable.

Il avait auparavant mené une carrière politique sans éclat, obtenant notamment les portefeuilles des Transports et du Tourisme.

Né en Iran en 1945, il est arrivé en Israël peu après sa création en 1948.

En 1969, il a été élu à 24 ans maire de Kiryat Malachi, devenant le plus jeune maire d'Israël.

Diplôme d'histoire et d'économie en poche, Moshé Katzav fait son entrée à la Knesset (parlement) en 1977, se donnant une image de modéré par son ton mesuré et son pragmatisme.

Père de cinq enfants, se présentant comme un juif pratiquant, il s'est toujours posé en défenseur des causes sociales et des laissés-pour-compte de la prospérité, en majorité des juifs orientaux.

Moshé Katzav s'est opposé aux accords israélo-palestiniens d'Oslo de 1993 avant de les accepter comme un fait accompli. Puis, se démarquant de la ligne dure de la droite, il s'est dit favorable au dialogue en vue d'un règlement du conflit avec les Palestiniens.

Dans un geste spectaculaire, en marge des obsèques du pape Jean Paul II au Vatican en 2005, il avait échangé quelques mots en persan avec le président iranien d'alors, Mohammad Khatami, et serré la main du président syrien Bachar al-Assad.