Israël et le Hamas se sont rejeté mardi la responsabilité de l'impasse dans les négociations sur la libération de centaines de prisonniers palestiniens en échange du soldat israélien Gilad Shalit détenu à Gaza.

 

Le premier ministre israélien sortant Ehud Olmert a réuni son cabinet pour l'informer de cette impasse survenue lors d'un dernier round de négociations intensives au Caire ces derniers jours sous les auspices de l'Égypte.

«Ehud Olmert a échoué dans sa mission de ramener mon fils. C'est un échec personnel pour lui», a déclaré à l'AFP Noam Shalit, le père du soldat détenu dans la bande de Gaza depuis son enlèvement en juin 2006 par un commando palestinien à la lisière du territoire.

Avant la réunion du cabinet, il a envoyé une lettre à M. Olmert dans laquelle il lui demande «malgré le prix élevé à payer de ramener Gilad avant la fin de ton mandat». «Essaie de sauver mon fils !», l'a-t-il imploré.

«Malheureusement, ce gouvernement n'a pas réussi à libérer Gilad Shalit, le prochain gouvernement s'y emploiera», a pour sa part déclaré à la presse le vice-premier ministre israélien Elie Yishaï

Le blocage dans les négociations est en effet survenu alors que le chef de la droite, le faucon Benjamin Netanyahu, poursuit les tractations en vue de former un nouveau gouvernement issu des législatives du 10 février, qu'il doit présenter au Parlement au plus tard le 3 avril.

Gilad Shalit détient aussi la nationalité française. Paris a exprimé mardi son «inquiétude» face au blocage des discussions sur l'échange.

Lundi soir, M. Olmert avait accusé le Hamas d'avoir «durci» ses positions et présenté des «exigences extrémistes» lors des discussions sur l'échange.

«Aux termes des comptes rendus des discussions du Caire, il s'avère que le Hamas a durci ses positions (...) et présenté des exigences extrémistes, malgré les propositions généreuses» soumises par Israël, dit le communiqué.

M. Olmert a fait ces déclarations dans un communiqué publié par la présidence du Conseil après avoir reçu les deux émissaires ayant participé aux négociations au Caire, le patron du Shin Beth (service israélien de sécurité intérieure) Youval Diskin et son conseiller Ofer Dekel.

Le Hamas a démenti mardi ces accusations, imputant l'impasse à l'intransigeance de l'État hébreu.

Dans des déclarations publiées sur le site du Hamas, le représentant du groupe au Liban, Oussama Hamdane, a assuré que les deux émissaires israéliens n'avaient «rien proposé de nouveau».

Israël «croit que le Hamas va accepter moins que le minimum sous la pression de la prochaine entrée en fonctions du gouvernement israélien dirigé par Benjamin Netanyahu, qui risque de ne pas être disposé à procéder à un échange», a-t-il affirmé.

«Lorsqu'il y aura une offre sérieuse d'Israël, nous serons disposés à la prendre en considération», a-t-il ajouté.

Un autre responsable du Hamas, Salah Al-Bardawil, a affirmé que son mouvement réclamait en tout la libération de 1.500 détenus, «soit seulement un peu plus de 10% des 11.000 prisonniers» palestiniens en Israël.

La négociation porte en particulier sur les prisonniers membres du Hamas, dont des auteurs de sanglants attentats, qu'Israël accepterait de libérer contre le soldat Shalit ainsi que sur le lieu de leur libération.

Les responsables israéliens refusent que des dizaines de détenus éventuellement libérables s'installent en Cisjordanie, de crainte qu'ils ne commettent de nouveaux attentats en Israël.

Selon un sondage publié mardi par le quotidien israélien Yédiot Aharonot, 69% d'Israéliens sont favorables à la libération de centaine de prisonniers palestiniens en échange du soldat Shalit.