La justice israélienne a décidé dimanche d'inculper de viol et harcèlement sexuel l'ex-président israélien Moshé Katzav, tombé en disgrâce après les révélations d'un scandale qui l'ont fait chuter.

«Après la clôture de l'enquête (...), le procureur général et le procureur de l'État ont décidé d'inculper M. Moshé Katzav de délits sexuels contre plusieurs de ses employées lorsqu'il était ministre du Tourisme et président, y compris des chefs de viol et harcèlement sexuel», selon un communiqué du ministère de la Justice. Il n'a pas précisé quand l'ancien président serait officiellement inculpé, mais selon les médias israéliens, cette inculpation pourrait intervenir dans les jours qui viennent.

«Nous nous préparons à une longue bataille pour prouver l'innocence de l'ancien président», a réagi son avocat Zion Amir. M. Katzav encourt 16 ans de prison s'il est reconnu coupable.

«La décision (de l'inculper) a été prise après que le procureur général et le procureur de l'État sont parvenus à la conclusion que les témoignages des plaignants sont fiables et qu'il existe suffisamment de preuves pour une inculpation», a précisé le ministère.

Moshé Katzav, 63 ans, avait démissionné de ses fonctions de président de l'État hébreu le 29 juin 2007 après avoir été suspendu dès janvier 2007 à sa demande.

L'affaire avait éclaté en juillet 2006 lorsqu'il avait accusé une ex-collaboratrice de vouloir le faire chanter. Mais l'enquête a fini par démontrer que cette dernière, sa secrétaire dans les années 90, l'accusait de viol. D'autres femmes ont ensuite porté plainte pour des faits similaires.

Après des mois d'enquête le visant, M. Katzav était parvenu à un accord de compromis entériné par la Cour suprême, aux termes duquel il ne serait poursuivi que pour «harcèlement sexuel», «actes indécents» et «subornation de témoin» alors que les accusations de viol seraient abandonnées.

Mais au premier jour de son procès en avril 2008, M. Katzav avait décidé de récuser le compromis.

«Si un homme considère qu'il n'a pas commis ces actes, pourquoi devrait-il accepter de plaider coupable?», a réagi dimanche Ronen Tzur, un proche de M. Katzav, à la radio de l'armée. «Son innocence va être démontrée devant la cour», a-t-il ajouté.

L'annulation de l'accord de compromis a conduit le parquet israélien à durcir les termes de l'acte d'accusation. Le procureur général Menahem Mazouz avait à l'époque laissé entendre que M. Katzav s'exposait par cette décision à des accusations beaucoup plus sévères.

«Avant la conclusion de l'accord de compromis, il était clair que l'acte d'accusation se fonderait sur les infractions les plus graves dont il est soupçonné», avait déclaré M. Mazouz.

Politicien chevronné du parti Likoud (droite), M. Katzav, d'origine iranienne, a été élu président en 2000 en battant à la surprise générale le vétéran Shimon Peres. Ce dernier lui a finalement succédé.

Père de cinq enfants, Moshé Katzav avait été le premier homme de droite à occuper les fonctions, largement protocolaires, de président, pour un mandat de sept ans indéfiniment renouvelable.

Mais si les poursuites lancées contre M. Katzav sont une première en Israël, il n'est pas le seul président contraint à la démission. Son prédécesseur, Ezer Weizman, avait dû quitter ses fonctions en 2000 après des révélations de pots-de-vin à son encontre.