Après des années de guerres et de violences, un Irakien sur six souffre de maladies mentales mais rechigne à se faire soigner en raison des tabous tenaces liés à ces pathologies, selon un rapport de l'OMS et du ministère irakien de la Santé publié samedi.

«Il y a en Irak des préjugés considérables sur les maladies mentales», a estimé le ministre irakien de la Santé, Saleh al-Hassnawi, dans un rapport de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de son ministère. Selon ce rapport, 16,5% des Irakiens souffrent de maladies mentales mais seuls 2,2% d'entre eux ont cherché à se soigner.

«Nous devons mettre en place des programmes d'éducation à grande échelle pour faire taire les préjugés et encourager les gens à suivre les traitements dont ils ont besoin», a ajouté M. Hassnawi.

L'enquête sur l'état mental des Irakiens a été réalisée auprès de 4.332 personnes de plus de 18 ans à travers le pays.

Les troubles de l'anxiété sont les plus répandus mais c'est la dépression qui est la plus commune des maladies mentales rencontrées en Irak.

Les troubles bipolaires et l'addiction sont également très courants.

Cependant, les Irakiens montrent une grande capacité de résistance aux effets de la violence sur leur état mental, d'après le rapport.

Le niveau de syndrome post-traumatique s'établit à 3,6%, à un niveau inférieur aux attentes des experts de l'OMS compte tenu des violences en Irak depuis 2003.

Après les années de violences extrêmes entre chiites et sunnites en 2006 et 2007, qui ont fait des dizaines de milliers de morts, les Irakiens ont développé des mécanismes de protection dans un environnement hostile.

«Les niveaux de stress sont élevés alors que les cas de troubles mentaux sont au même niveau que dans les autres pays», a expliqué Naïma al-Gassir, la représentante de l'OMS en Irak.

«Cela veut dire que les Irakiens ont dû développer des stratégies d'adaptation pour survivre durant les dernières décennies de violence», a assuré Mme Gassir.

Les Irakiennes sont plus sujettes à l'anxiété, mais les hommes ont des niveaux d'addiction plus importants.