Le président afghan Hamid Karzaï a demandé samedi à la commission électorale indépendante d'avancer au mois d'avril la date de l'élection présidentielle, prévue le 20 août, au nom du respect de la Constitution et en dépit des inquiétudes concernant la sécurité.

«La commission électorale indépendante doit fixer la date de l'élection présidentielle selon les termes des articles 33, 61, 83, 138, 140 et 141 et de la Constitution», selon l'article premier du décret signé samedi par Hamid Karzaï et transmis à la presse par la présidence. D'après l'article 61 de la Constitution, l'élection présidentielle doit avoir lieu au moins un mois avant la fin du mandat du président actuel, qui survient le 21 mai prochain.

Le 29 janvier, la commission électorale indépendante avait décidé de fixer au 20 août l'élection, pour des raisons d'organisation et de sécurité, alors que l'insurrection, notamment menée par les talibans, a établi ses bastions dans le sud et l'est du pays et s'étend peu à peu.

Alors que les Nations Unies avaient estimé que le report du scrutin était une «nécessité pragmatique», les partis d'opposition avaient crié au scandale, qualifiant ce report d'«anticonstitutionnel».

«Les trois piliers du gouvernement en charge de la sécurité, les ministères de l'Intérieur et de la Défense, ainsi que le Département de la sécurité nationale sont chargés d'utiliser tous leurs moyens (...) pour assurer des élections transparentes et justes», a décrété samedi Hamid Karzaï.

Pour sa part, le député indépendant Daoud Sultanzoy a rappelé que «la commission électorale indépendante est la seule institution habilitée à décider de la date de l'élection, cela ne fait pas partie des prérogatives du président».

La décision d'avancer la date des élections s'explique aussi par la volonté pour le président afghan d'assurer son avenir et d'éliminer la possibilité d'une absence au sommet de l'État, entre la fin de son mandat le 21 mai et l'élection de son successeur en août, alors que le pays est en proie à une insurrection sanglante.

Près de 5 millions de personnes, dont 32% de femmes, sont inscrits sur les listes électorales, pour participer au deuxième scrutin présidentiel au suffrage universel direct de l'histoire du pays.

La première présidentielle avait été remportée avec 55% des suffrages fin 2004 par Hamid Karzaï, placé à la tête du pouvoir de transition avec le parrainage de Washington début 2002.

Mais il est de plus en plus contesté ces derniers mois, tant en Afghanistan qu'au sein de la communauté internationale, en raison de son échec face à la montée de la violence et de la corruption.

S'il est le seul candidat sérieux à s'être déclaré, il pourrait notamment faire face à ses anciens ministres de l'Intérieur Ali Ahmad Jalali et des Finances Ashraf Ghani, considérés comme proches de la nouvelle administration américaine.

De son côté, le mollah Omar, ancien chef suprême des talibans, insaisissable depuis la chute du régime, a demandé aux Afghans de boycotter l'élection présidentielle.

Les violences des insurgés afghans, parmi lesquels les talibans chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition emmenée par les États-Unis, ont redoublé d'intensité depuis deux ans malgré la présence de près de 70 000 soldats étrangers.

Le secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, a demandé en janvier aux pays membres de l'Alliance de fournir 10 000 soldats supplémentaires en vue de la présidentielle.