Le chef du Likoud (droite), Benjamin Netanyahu, chargé de former le gouvernement en Israël, entend proposer dimanche au Kadima (centre) de Tzipi Livni de participer à un cabinet «aussi large que possible» pour échapper à l'emprise de ses encombrants alliés d'extrême droite.

«Vu les défis énormes que l'État doit relever, il ne fait pas de doute que nous devons avoir pour objectif primordial de réaliser l'union» au sein du cabinet, a déclaré aux journalistes M. Netanyahu avant sa rencontre, qui a débuté dimanche soir, avec Mme Livni dans un hôtel de Jérusalem. «Nous pouvons y parvenir par le dialogue et non par un bras de fer (...) J'attend d'un gouvernement d'union qu'il coopère avec l'administration Obama», avait ajouté M. Netanyahu.

Mme Livni a pour sa part tempéré les espoirs d'accord en soulignant lors d'une rencontre avec les parlementaires de Kadima que son parti n'entrerait que dans un gouvernement acceptant la «vision de deux États pour deux peuples».

«Autrement, il s'agirait d'une tromperie vis-à-vis des électeurs», a-t-elle ajouté en soulignant qu'elle ne discuterait pas de la répartition de portefeuilles ministériels avec M. Netanyahu mais de «question essentielles».

Selon les commentateurs, Mme Livni, ministre des Affaires étrangères sortante, entend obtenir l'assurance qu'elle pourra continuer à mener des négociations avec les Palestiniens.

Auparavant, un des lieutenants de M. Netanyahu, le député Sylvan Shalom, avait évoqué «un gouvernement aussi large que possible», affirmant qu'il fallait «créer des équipes de négociateurs afin d'arrondir les angles».

Le Kadima a obtenu 28 sièges (sur 120) aux législatives du 10 février, contre 27 au Likoud qui peut en revanche s'appuyer sur un bloc de 65 députés de la mouvance de droite.

M. Netanyahu, 59 ans, opposé aux accords d'Oslo de 1993 et hostile à la création d'un État palestinien, propose une sorte d'autonomie élargie à travers un «plan de paix économique» pour les Palestiniens de Cisjordanie.

   Appuyé par les travaillistes (13 élus), le Kadima a endossé les dispositions de la conférence internationale d'Annapolis (novembre 2007) qui stipulent l'avènement d'un État palestinien coexistant pacifiquement aux côtés d'Israël.

Conscient de la fragilité d'un gouvernement composé avec l'extrême droite religieuse et laïque, à la durée limitée, et d'éventuelles pressions de la nouvelle administration américaine, M. Netanyahu devrait assouplir ses positions, selon les médias.

Selon un de ses proches, M. Netanyahu pourrait proposé au Kadima un nombre équivalent de portefeuilles ministériels et en lui confiant les Finances, ainsi que la diplomatie ou la Défense.

Après avoir été désigné vendredi par le président Shimon Peres pour former le cabinet, il a appelé à «l'union» en arguant des «défis colossaux» qu'Israël doit relever: la crise économique et la menace nucléaire iranienne.

Mme Livni a affirmé ces derniers jours vouloir gagner l'opposition «pour incarner l'alternative» plutôt que de cautionner l'équipe Netanyahu. Mais son entourage la presse d'écouter ses propositions avant toute décision.

Le mandat de M. Netanyahu pour former le cabinet expire le 20 mars, et pourra être prolongé jusqu'au 3 avril.