La prison d'Abou Ghraib, tristement célèbre pour les sévices infligés aux Irakiens par des militaires américains et les exécutions pratiquées à une large échelle sous Saddam Hussein, a rouvert sous un nouveau nom, a-t-on appris dimanche auprès du ministère de la Justice.

«La +prison centrale de Bagdad+ a rouvert samedi», a annoncé à l'AFP l'adjoint du ministre de la Justice, Bouchou Dazaï. Abou Ghraib, qui avait fermé ses portes en 2006, deux ans après un scandale impliquant des militaires américains, est désormais gérée par les autorités irakiennes. En février 2008, le gouvernement irakien avait décidé de la réhabiliter.

La réouverture d'Abou Ghraib va «alléger la surpopulation carcérale dans les autres prisons», a ajouté M. Dazaï, précisant que 400 détenus avaient déjà été transférés dans les locaux fraîchement rénovés.

Il s'agit maintenant d'«une prison (aux normes) internationales», pouvant accueillir de 12 000 à 15 000 prisonniers, a-t-il encore dit.

Un gymnase, une salle informatique, des unités médicales ainsi qu'un espace consacré aux visites des familles des détenus, pourvu d'une fontaine et d'une aire de jeu pour enfants, ont été installés.

En 2004, des photos montrant des soldats américains humiliant des prisonniers à Abou Ghraib avaient fait le tour du monde.

On y voyait notamment des détenus nus, empilés sur le carrelage de la prison, contraints de parader devant des gardiennes américaines.

Cette prison avait été construite par des entreprises britanniques pour le gouvernement irakien dans les années 1960. Situé à 25 km à l'ouest de Bagdad, ce complexe pénitencier s'étend sur une surface de 10 km2.

De triste mémoire sous Saddam Hussein, où 4 000 détenus y avaient été exécutés et des milliers d'autres torturés, Abou Ghraib avait été rebaptisée par les États-Unis «Centre correctionnel de Bagdad» après la chute du régime baassiste en avril 2003. Environ 4 500 personnes y étaient détenues.