Hier, le président israélien, Shimon Peres, a mis fin au suspense entourant les élections législatives du 10 février en demandant au chef du Likoud, Benjamin Netanyahu, de former le prochain gouvernement. Survol des conséquences de ce choix.

Pourquoi Shimon Peres a-t-il choisi Benjamin Nétanyahou même s'il a remporté un siège de moins que sa principale rivale, Tzipi Livni, lors des élections du 10 février?

La tradition veut que le président israélien demande à la formation politique qui a reçu le plus de sièges de former le gouvernement. Mais devant la grande division du vote, Shimon Peres a décidé de faire un accroc à la tradition en choisissant plutôt le chef politique le plus rassembleur. En recevant l'appui de la droite religieuse et du parti ultranationaliste, Benjamin Netanyahu a démontré qu'il est capable de rallier plus de 65 députés, soit plus de 50 % des 120 sièges de la Knesset.

Devient-il automatiquement premier ministre?

Non, le chef du Likoud a six semaines pour consolider ses alliances et présenter son cabinet à la Knesset pour approbation. S'il réussit, il deviendra premier ministre.

Quels sont les antécédents de Benjamin Nétanyahou?

Il a été premier ministre d'Israël de juin 1996 à juillet 1999. Surnommé «Bibi», il est le premier politicien né en Israël à avoir occupé cette fonction. Avant d'entamer sa carrière politique, il a été officier de l'armée israélienne, Tsahal. Il a combattu pendant la guerre de Yom Kippour. Il a joint le Likoud en 1984, après plusieurs années à l'étranger. Opposé au retrait des colonies juives en Cisjordanie, il a démissionné du Likoud en 2005. Il est redevenu chef du Likoud en décembre 2005.

Quelles sont ses opinions sur le processus de paix avec les Palestiniens?

Benjamin Nétanyahou est une des figures de proue de la droite israélienne. Il soutient les colonies juives en territoire palestinien et est hostile à l'établissement d'un État palestinien. Il affirme qu'il délogera le Hamas de la bande de Gaza. «Mais il faut dire que même si ses discours sont maximalistes et extrêmes, il est aussi un politicien pragmatique», note à ce sujet Sami Aoun, professeur en scien-ces politiques à l'Université de Sherbrooke.

Considérant ses antécédents, peut-on s'attendre à ce que Nétanyahou forme un gouverment de droite, avec les députés de la droite religieuse et ceux du parti Israel Beitenou de l'ultranationaliste Avigdor Lieberman?

C'est une possibilité, mais pas le premier choix de Benjamin Nétanyahou. Hier, il proposait aux deux principales organisations politiques plus à gauche que le Likoud de se joindre au gouvernement de coalition. À la tête de Kadima, Tzipi Livni a accepté de rencontrer M. Nétanyahou, mais refuse pour le moment de former un gouvernement avec lui. «Mais son non en est davantage un de négociations que de refus», dit Sami Aoun. On s'attend à ce que M. Netanyahou fasse des concessions majeures à sa principale rivale.

Pourquoi?

La nouvelle admistration américaine de Barack Obama, qui veut rouvrir le dialogue avec le grand monde musulman, verrait d'un mauvais oeil un gouvernement de droite qui tournerait le dos au processus de paix avec les Palestiniens. En penchant trop vers la droite, M. Netanyahou se fermerait donc des portes à Washington.

Comment les Palestiniens réagissent-ils au choix de Nétanyahou pour créer le gouvernement?

Le porte-parole du Hamas a dit hier que Shimon Peres avait choisi le politicien «le plus dangereux» et «le plus extrémiste» pour prendre la place d'Ehoud Olmert. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a pour sa part averti qu'il ne travaillera pas avec le gouvernement israélien à moins que ce dernier accepte le «principe des deux États».