Benjamin Netanyahu et Tzipi Livni tentaient mercredi de former leur propre coalition après les élections législatives israéliennes, marquées par une percée de l'extrême droite qui fait craindre aux Palestiniens un gel du processus de paix au Proche-Orient.

Le chef du Likoud (droite) Benjamin Netanyahu a rencontré Eli Yishai, dirigeant du parti ultra-orthodoxe Shass, membre de la coalition sortante. Avant le scrutin, la formation religieuse avait retiré son soutien à Mme Livni, du Kadima (centre-droit), qui refusait de laisser la question de Jérusalem en dehors des négociations avec les Palestiniens.

M. Netanyahu rencontrait en soirée Avigdor Lieberman, dirigeant d'Israël Beiteinou, le parti d'extrême droite laïc sans qui aucune coalition ne peut désormais être constituée.

«Nous clarifierons nos positions et ferons notre part du travail pour former le plus vite possible un gouvernement», a assuré M. Lieberman après avoir discuté en matinée avec Tzipi Livni, qui a mené le Kadima à une victoire étriquée.

Les résultats encore officieux donnent 28 sièges au Kadima (29 dans le Parlement sortant) et 27 au Likoud (12). Israël Beiteinou devient le troisième parti israélien avec 15 sièges (11). Le parti travailliste du ministre de la Défense sortant Ehud Barak n'obtient que 13 sièges (19) et le Shass 11 (12).

Ce décompte ne comprend pas le vote de quelque 175 000 soldats -- entre 5 et 6 mandats -- dont le dépouillement ne devrait s'achever que jeudi.

«Livni a gagné la bataille, mais va perdre la guerre», titrait mercredi le Maariv (centre-droit), alors que le président Shimon Peres doit désigner celui ou celle capable de constituer un gouvernement.

L'issue de l'élection de mardi a aussi suscité l'inquiétude des Palestiniens, déjà échaudés par la guerre menée par Israël à Gaza jusqu'au 18 janvier.

Les responsables palestiniens craignent au mieux une «paralysie» d'un processus de paix israélo-palestinien bancal et, au pire, un regain des violences.

Un gouvernement à forte coloration de droite risquerait en outre, selon les commentateurs, de se heurter à la nouvelle administration du président américain Barack Obama qui s'est engagé à faire progresser la paix dans la région.

Se faisant l'écho des cris de victoire de Mme Livni et M. Netanyahu, les responsables de leurs partis ont affiché une confiance sans faille.

«Je suppose que le président va choisir Benjamin Netanyahu car nous disposons d'une majorité claire», a affirmé le chef du groupe parlementaire Likoud, Gideon Saar.

«Le président va désigner Tzipi qui s'adressera ensuite au Likoud, à Lieberman et aux travaillistes pour constituer un gouvernement d'union nationale», a répliqué Haïm Ramon, vice-Premier ministre sortant du Kadima.

Avigdor Lieberman a d'ores et déjà manifesté sa préférence.

«Nous avons toujours voulu un gouvernement national, un gouvernement de droite et j'espère que nous y parviendrons», a-t-il dit après le scrutin, exigeant du futur gouvernement qu'il «mette à bas le Hamas» qui contrôle Gaza.

«Il y a une opportunité pour la formation d'un gouvernement d'union nationale qui pourrait promouvoir des questions importantes pour nos deux partis», a indiqué le bureau de Mme Livni après son entrevue avec M. Lieberman.

Mais avec le soutien de l'extrême droite et des formations religieuses, Benjamin Netanyahu apparaît en meilleure position pour former une coalition gouvernementale, sur la base d'une majorité de 65 députés sur 120, contre 55 députés qui soutiennent en théorie Tzipi Livni.

Le président Peres, selon la radio militaire, devrait commencer ses consultations avec les têtes de listes au milieu de la semaine prochaine.

«Il décidera qui sera chargé de la formation du gouvernement en fonction du nombre des mandats et des capacités du candidat à constituer une coalition», a affirmé sa porte-parole, Ayelet Frish.