Mountazar al-Zeidi, le journaliste irakien qui avait lancé sans l'atteindre en décembre ses chaussures au visage de George W. Bush, sera jugé à partir du 19 février, a déclaré dimanche un porte-parole de la Cour supérieure judiciaire irakienne, Abdel-Sattar Bayrkdar.

Le journaliste âgé de 30 ans est en détention depuis le 14 décembre. Ce jour-là, lors d'une conférence de presse conjointe à Bagdad du premier ministre irakien Nouri al-Maliki et de George W. Bush, alors président, Mountazar al-Zeidi avait eu le temps de lancer ses deux chaussures, l'une après l'autre, avant d'être violemment plaqué au sol par les services de sécurité. Le procès du jeune homme, devenu un héros en Irak et dans le monde arabe, devait s'ouvrir initialement le 31 décembre mais ses avocats ont obtenu un report: la défense demandait une requalification des poursuites, en injures contre un chef d'État étranger. Mais selon Abdel-Sattar Bayrkdar, le journaliste sera poursuivi pour agression sur un chef d'État étranger.

Il s'est refusé à dire quelle peine risquait le journaliste, mais selon les avocats de la défense, il encourt une peine maximale de 15 années de prison.

Il y a également eu des inquiétudes sur la santé et la sécurité du journaliste, qui aurait été sévèrement frappé et torturé pendant sa détention, le juge chargé de l'enquête ayant constaté des traces de coups au visage. En outre, selon son frère Dhargham, Al-Zaidi s'est vu «privé de ses droits élémentaires», et ses proches et avocats se sont à plusieurs reprises vus refuser des visites, comme encore jeudi pour sa famille. Un autre frère qui avait rendu visite le mois dernier au journaliste a dit qu'il semblait en forme et que ses blessures étaient guéries.

Le lancer de chaussure est devenu un moyen de protestation populaire. Lundi dernier, un manifestant a ainsi jeté, sans l'atteindre, un de ses souliers sur le premier ministre chinois Wen Jiabao qui prononçait un discours à l'université de Cambridge à l'occasion de sa visite en Grande-Bretagne.