Un responsable du Hamas a été empêché jeudi de quitter l'Égypte en possession de plus de 10 millions de dollars en espèces, alors qu'il regagnait la bande de Gaza par le terminal frontalier de Rafah, a annoncé un responsable des services de sécurité égyptiens.

 

Selon cette source, il s'agit d'Aymane Taha, un des six membres d'une délégation du mouvement islamiste qui retournait dans l'enclave palestinienne après des entretiens sur la trêve dans la bande de Gaza avec le chef des services secrets égyptiens, Omar Souleimane.

Aymane Taha, porte-parole du Hamas à Gaza, portait une somme en espèces de neuf millions de dollars et deux millions d'euros, a précisé la source ayant requis l'anonymat.

Cette somme a été trouvée lors d'une fouille des bagages.

Les cinq autres membres de la délégation ont pu repartir sans encombres dans la bande de Gaza, seul M. Taha restant détenu au poste de Rafah.

«Des contacts sont en cours avec le ministre du Trésor pour déterminer si le transfert de cette somme peut être autorisé», a ajouté ce responsable de la sécurité égyptienne.

Depuis que le mouvement islamiste a gagné les élections palestiniennes en 2006, des responsables du Hamas ont à plusieurs reprises tenté de passer la frontière entre l'Égypte et la bande de Gaza avec d'importantes sommes d'argent.

En décembre 2006, le premier ministre palestinien de l'époque, Ismaïl Haniyeh, avait été contraint de laisser 35 millions de dollars à la douane égyptienne. Cette somme, de provenance inconnue, avait été transférée par la suite sur un compte de l'Autorité palestinienne.

Le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza en juin 2007, après avoir évincé les forces fidèles au président palestinien, Mahmoud Abbas.

La question des finances, qui se repose aujourd'hui de manière aiguë en vue de la reconstruction de la bande de Gaza après une dévastatrice offensive israélienne, est un enjeu crucial entre les parties rivales palestiniennes.

Des représentants du Hamas, venus de Gaza ainsi que de Syrie, s'étaient entretenus pendant deux jours avec M. Souleimane, l'homme-clé des négociations indirectes entre Israël et le Hamas pour parvenir à une trêve.

L'Égypte a refermé jeudi le point de passage de Rafah après l'avoir ouvert pour l'acheminement des blessés et de l'aide humanitaire durant l'offensive israélienne.

L'Égypte refuse de laisser ouvert de façon permanente le terminal de Rafah en l'absence d'observateurs de l'Union européenne et de représentants de l'Autorité palestinienne, depuis que le Hamas a pris le pouvoir à Gaza en juin 2007.

Sitôt la délégation du Hamas partie, l'émissaire israélien, Amos Gilad, est arrivé jeudi au Caire dans le cadre des discussions sur la trêve.

Alors que l'Égypte escomptait obtenir jeudi une forme d'accord entre Israël et le Hamas, l'échéance a été reportée au week-end, pour que soit ainsi consolidé le cessez-le-feu en vigueur depuis le 18 janvier.

«Nous étions censés parvenir aujourd'hui à un accord sur une trêve, mais il semble qu'Israël tergiverse en n'apportant pas les clarifications que nous avons demandées», a déclaré à l'AFP un des négociateurs du Hamas, Salah Al-Bardawil.