L'émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell et le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner sont convenus lundi à Paris de la priorité à donner au maintien de la trêve à Gaza, qui apparaît de plus en plus fragile.

Dans la foulée de cette première prise de contact entre Paris et l'émissaire de Barack Obama, le président palestinien Mahmoud Abbas s'est entretenu avec le président Nicolas Sarkozy, au premier jour d'une tournée dans plusieurs pays (Grande-Bretagne, Turquie, Pologne, Italie). M. Abbas déjeunera mardi avec Bernard Kouchner, selon une source diplomatique.

Lundi, l'émissaire américain a exposé à son interlocuteur français les contacts pris lors de sa tournée au Proche-Orient, qui l'a mené en Israël, Cisjordanie, Égypte, Jordanie et Arabie saoudite la semaine dernière. «Il s'est présenté comme étant à l'écoute des dirigeants rencontrés», selon le ministère français des Affaires étrangères.

«Il n'a pas fait état de propositions précises pour relancer le processus de paix, soulignant que la première urgence était de maintenir la trêve et d'obtenir un cessez-le-feu permanent» entre Israéliens et Palestiniens, selon un diplomate français.

De son côté, M. Kouchner a souligné «qu'il fallait faire vite et insisté sur la nécessité de soutenir Mahmoud Abbas et d'ouvrir les points de passage entre Israël et la bande de Gaza», a indiqué ce diplomate.

Ce dernier sujet est sensible pour Paris qui a échoué la semaine dernière à convaincre les Israéliens de laisser livrer à la bande de Gaza une station d'épuration de l'eau.

Selon son ministère, Bernard Kouchner a aussi indiqué à l'émissaire américain qu'il comptait participer à une conférence internationale prévue le 2 mars en Égypte sur la reconstruction et l'aide humanitaire à apporter à la population vivant dans la bande de Gaza, territoire sous contrôle du Hamas.

Ce mouvement islamiste a réclamé au Fatah de Mahmoud Abbas d'être intégré avec le Jihad islamique dans une OLP restructurée et s'est dit favorable lundi à une trêve d'un an avec Israël en échange de la levée du blocus imposé à la bande de Gaza.

La demande a été rejetée par Mahmoud Abbas qui l'a jugée «totalement inacceptable». M. Abbas s'est encore prononcé en faveur d'un dialogue avec le Hamas en vue de «parvenir à une solution dans le cadre d'un gouvernement d'entente nationale pour des élections».

Plaidant pour une réconciliation interpalestinienne, la France a appuyé récemment cette idée d'un gouvernement palestinien d'union ou d'entente nationale, avec lequel elle est prête à discuter. Le Hamas fait jusqu'à présent l'objet d'un boycottage des Occidentaux qui le considèrent comme une organisation terroriste.

Après son escale à Paris, où il a rencontré aussi à l'Élysée le secrétaire général de la présidence française, Claude Guéant, et salué le président Nicolas Sarkozy, George Mitchell devait regagner les États-Unis pour rendre compte de sa mission à la nouvelle secrétaire d'État Hillary Clinton.

En dépit de l'arrêt des hostilités prononcé le 18 janvier par les Israéliens, la trêve a été à maintes fois bafouée.

Ces derniers jours, des combattants palestiniens ont tiré plus de dix roquettes ou obus sur Israël, blessant un civil et deux militaires, selon l'armée. L'aviation israélienne a bombardé pour sa part dimanche un commissariat de police, vide au moment du raid, dans le centre de la bande de Gaza, et des tunnels à la frontière avec l'Égypte, selon des témoins.

L'offensive israélienne a duré 22 jours, fait plus de 1330 morts palestiniens, selon des sources palestiniennes, et dévasté le territoire de la bande de Gaza.