L'armée israélienne enquête sur une éventuelle utilisation fautive par ses soldats d'obus au phosphore lors de l'offensive de 22 jours contre la bande de Gaza, a indiqué mercredi le quotidien libéral israélien Haaretz.

L'enquête porte sur un tir par une unité de parachutistes d'une vingtaine d'obus dans une zone peuplée dans le nord de la bande de Gaza, dévastée par les opérations militaires israéliennes qui ont coûté la vie à plus de 1.300 Palestiniens du 27 décembre au 17 janvier, écrit le journal.

Haaretz précise qu'un colonel de réserve, Shaï Alkalaï, a été chargé de l'enquête mais un porte-parole de l'armée a démenti à l'AFP qu'il y ait une «enquête officielle».

Selon des sources militaires citées par le journal, l'armée a tiré deux types d'obus contenant du phosphore: des obus d'artillerie fumigènes de 155 mm contenant une faible quantité de phosphore, et des obus de mortier de 120 mm à forte concentration de phosphore.

Une vingtaine d'obus de ce second type, qui causent des brûlures très graves, ont été tirées sur des quartiers de la localité de Beit Lahiya, selon le journal.

L'organisation Amnesty International, dont une équipe s'est rendue dans le territoire palestinien, a accusé l'Etat hébreu de «crimes de guerre» pour avoir usé des obus de phosphore.

«Nous avons vu des rues jonchées de débris, qui prouvent l'utilisation de phosphore blanc, y compris des particules incandescentes et des restes d'obus tirés par l'armée israélienne», a déclaré dans un communiqué Christopher Cobbsmith, expert en armement qui faisait partie de l'équipe d'Amnesty.

L'exposition à ce produit toxique peut se révéler fatale. Il peut provoquer des brûlures de la peau et endommager le foie, le coeur ou les reins.

L'équipe d'Amnesty affirme avoir trouvé des particules de phosphore et des obus qui les contenaient à l'intérieur et à proximité de maisons et bâtiments. L'armée a tiré trois obus au phosphore contre le complexe de l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens à Gaza-ville, selon l'ONG.

Les bombes au phosphore blanc ne sont interdites par aucun traité international, en dépit de leur caractère controversé.

La manière dont ces armes incendiaires servant également à éclairer le champ de bataille sont utilisées est en revanche réglementée par la Convention sur les armes classiques de 1980, plus spécifiquement par le protocole III «sur l'interdiction ou la limitation des armes incendiaires», entré en vigueur en 1983 mais auquel Israël n'a pas souscrit.

Le texte prohibe leur utilisation dans les zones peuplées de civils.

L'armée israélienne n'a pas démenti avoir usé des obus au phosphore, soulignant toutefois n'utiliser que des armes non-prohibées par les conventions internationales.