Le Hamas s'est efforcé lundi d'afficher son autorité au lendemain de l'arrêt d'une offensive meurtrière israélienne de 22 jours à Gaza, où certains ont rompu le silence en critiquant le mouvement islamiste palestinien qui a crié victoire.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon prévoit d'effectuer mardi une visite dans le territoire palestinien où plusieurs bâtiments relevant de l'organisation internationale ont été endommagés dans les raids israéliens, a indiqué un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères.

Aucune confirmation de cette visite, qui serait sans précédent à Gaza pour un dignitaire étranger depuis la violente prise de pouvoir par les islamistes du Hamas en juin 2007, n'a pu être obtenue auprès de l'ONU.

Le Hamas, dont le Premier ministre Ismaïl Haniyeh a proclamé dimanche une «victoire historique» contre Israël, a minimisé les pertes subies lors de l'offensive, se disant toujours en mesure de tirer des roquettes sur Israël.

Dans sa première apparition depuis le début de la guerre le 27 décembre, le porte-parole de la branche armée du Hamas, Abou Oubeida, a ainsi assuré que son mouvement n'avait perdu que «48 combattants» alors qu'Israël affirme en avoir tué plus de 500.

Il a aussi affirmé que les tentatives d'Israël d'empêcher l'armement du Hamas, notamment en détruisant les tunnels de contrebande entre Gaza et l'Egypte, étaient vouées à l'échec.

«Qu'ils fassent ce qu'ils veulent. Introduire des armes pour la résistance et les fabriquer est notre mission et nous savons très bien comment acquérir des armes», a-t-il dit.

Des groupes liés au parti Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas ont pour leur part annoncé la mort de 37 de leurs combattants, le Jihad islamique 34, les Comités de la résistance populaire 17 et le Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP) 13.

Dans les rue de Gaza, des policiers du Hamas en tenue se sont déployés aux principaux carrefours alors que d'autres régulaient la circulation.

Des députés du Hamas, emmenés par le chef de son groupe parlementaire Moushir Al-Masri ont inspecté des quartiers dévastés par les frappes israéliennes dans le nord de la bande de Gaza, allant à la rencontre de propriétaires de maisons détruites ou endommagés.

«Ces destructions montrent que la bataille était dirigée contre le peuple palestinien. Ils veulent une terre sans peuple pour prendre le contrôle de la bande de Gaza», a déclaré lors de la tournée l'un des députés, Fathi Hammad.

«Nous proclamons la victoire contre l'ennemi sioniste», a-t-il ajouté, debout devant les ruines d'une maison détruite.

A Gaza-ville de nombreux commerces ont rouvert. Des employés de la municipalité ramassaient les ordures et les gravats des bâtiments détruits dans les attaques.

Abou Ihab, un homme d'affaires de 55 ans, contemplait les ruines. «Cette guerre nous a ramenés 50 ans en arrière. C'est comme la Nakba de 1948», a-t-il dit, en se référant à la «catastrophe» que fut pour les Palestiniens la création d'Israël.

«A mon avis, le Hamas a commis une erreur car toute guerre doit avoir des objectifs politiques et s'appuyer sur des plans militaires. Le Hamas n'a compté que sur des promesses mensongères de l'Iran et de la Syrie», a-t-il ajouté.

Selon le Bureau palestinien des statistiques, 4.100 habitations ont été totalement détruites et 17.000 autres endommagées.

Douze corps ont été retirés des décombres lundi.

Des centaines de Palestiniens ont profité du cessez-le-feu proclamé séparément par Israël puis par le Hamas pour se ruer dans les banques, qui ont rouvert après 22 jours de fermeture.

«La peur pour nos enfants nous a empêchés de dormir pendant la guerre. Qu'est-ce que le Hamas et toutes ces organisations nous ont apporté à part la destruction? Elle est où cette victoire dont ils parlent?», s'est interrogé Karim Abou Chariah, en faisant la queue devant un guichet.

Dimanche, les chars israélien se sont redéployés aux frontières, côté palestinien, afin de faire face à d'éventuelles attaques palestiniennes.

Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a affirmé que les troupes sortiraient de Gaza «le plus vite possible, dès que la sécurité du sud du pays sera assurée».

En trois semaines, au moins 1.315 Palestiniens ont été tués, dont 410 enfants et 108 femmes, et plus de 5.300 blessés, selon les services d'urgence de Gaza. Côté israélien, 10 militaires et trois civils sont morts.

Parallèlement, le président égyptien Hosni Moubarak a obtenu la veille à Charm el-Cheikh le soutien de dirigeants arabes et européens à son plan prévoyant la fin totale des violences à Gaza.

Au Koweït, les dirigeants arabes étaient réunis en sommet pour discuter des résultats de l'offensive à Gaza, qui les a divisés, et évoquer la reconstruction du territoire palestinien.

Le roi Abdallah d'Arabie saoudite y a annoncé l'octroi d'un milliard de dollars à cette fin.

Mahmoud Abbas, présent à Koweït, à quant à lui proposé au Hamas qui l'a délogé de Gaza en juin 2007 la formation d'un gouvernement «d'entente nationale» en vue de la tenue d'élections législatives et présidentielle simultanées.