Le cessez-le-feu unilatéral proclamé par Israël dans la bande de Gaza est entré en vigueur dimanche à 00H00 GMT, après 22 jours d'une guerre contre le Hamas qui a fait plus de 1 200 morts palestiniens.

Un porte-parole militaire a confirmé à l'AFP que l'armée israélienne cessait le feu, conformément à ce qu'avait annoncé samedi dans la soirée le Premier ministre Ehud Olmert.

«A 02h00 locales, nous cesserons le feu mais nous continuerons d'être déployés dans la bande de Gaza et autour», avait déclaré M. Olmert lors d'une annonce à la nation.

En réponse, le Hamas a promis de poursuivre le combat, affirmant qu'il n'accepterait pas la présence «d'un seul soldat» israélien sur le sol de Gaza. Huit roquettes palestiniennes ont été tirées après l'annonce par Israël de ce cessez le-feu mais avant son entrée en vigueur, a indiqué l'armée israélienne. Ces tirs n'ont fait aucun blessé, a-t-on précisé.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a revendiqué le tir de six roquettes «Grad» de moyenne portée contre le sud d'Israël, dans plusieurs communiqués.

Estimant qu'Israël avait «atteint ses objectifs et même au-delà», en ayant assené un coup «très sévère» au Hamas et en ayant rétabli la «capacité de dissuasion» de l'Etat hébreu, M. Olmert a averti que «si nos ennemis décident de nous attaquer, l'armée israélienne aura les coudées franches pour riposter».

«Si le Hamas arrête totalement ses attaques, nous jugerons à quel moment nous quitterons la bande de Gaza», a-t-il ajouté, laissant dans le flou un calendrier de retrait des militaires de ce territoire.

Israël reprendra l'offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza et même l'intensifiera «si nécessaire», a de son côté affirmé le ministre de la Défense Ehud Barak.

Peu avant l'annonce de M. Olmert, le cabinet de sécurité israélien avait voté à une majorité de 7 voix contre 2 et une abstention le cessez-le-feu unilatéral.

L'Autorité palestinienne a jugé que la décision israélienne n'était qu'un «premier pas» qui «devrait être suivi par un accord de trêve durable, la fin du bouclage de Gaza et le retrait des troupes» de ce territoire, selon le porte-parole de la présidence, Nabil Abou Roudeina, interrogé par téléphone.

Washington s'est félicité de l'annonce de ce cessez-le-feu tandis que la Grande-Bretagne a estimé qu'il allait causer «un immense soulagement». «Les Etats-Unis saluent la fin des combats à Gaza annoncée par Israël et attendent que toutes les parties cessent immédiatement leurs attaques et les hostilités», a déclaré la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice.

Israël a décidé de cesser son offensive, la plus vaste et la plus meurtrière campagne militaire israélienne jamais lancée à Gaza, après avoir reçu des assurances américaines sur un arrêt de la contrebande d'armes vers le territoire palestinien, selon un responsable gouvernemental.

Mme Rice a signé vendredi avec son homologue israélienne Tzipi Livni un accord bilatéral à cette fin. M. Olmert a téléphoné samedi soir au président George W. Bush pour le remercier de son soutien.

Toutefois, le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit, dont le pays a une frontière avec le territoire palestinien, a affirmé que Le Caire n'était pas «lié» par cet accord.

Dans une lettre commune envoyée aux dirigeants israélien et égyptien, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni se sont dits pour leur part prêts à contribuer à la lutte contre cette contrebande d'armes.

L'Egypte a de son côté annoncé la tenue d'un sommet en présence de chefs d'Etat et de gouvernement, en particulier d'Europe, ainsi que du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, dimanche à Charm el-Cheikh (Egypte).

L'Espagne, l'Italie, la Turquie ainsi que la Jordanie --représentée par le roi Abdallah II-- doivent participer.

Le président français, Nicolas Sarkozy, qui selon l'Elysée co-présidera le sommet avec son homologue égyptien, se rendra ensuite à Jérusalem pour s'entretenir avec le Premier ministre israélien. D'autres dirigeants sont également attendus en Israël.

Depuis le début du conflit le 27 décembre, l'Egypte a mené une médiation pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu négocié entre Israël et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis son coup de force de juin 2007 contre l'Autorité de M. Abbas.

L'un des principaux objectifs d'Israël pendant ses opérations a été de couper, en les bombardant, les tunnels de ravitaillement utilisés par le Hamas pour faire entrer des armes et des roquettes.

Selon un porte-parole militaire, l'armée de l'air a bombardé samedi une centaine de tunnels de contrebande entre l'Egypte et Gaza.

Sur le terrain, les attaques israéliennes se sont poursuivies samedi de manière sporadique faisant une dizaine de morts, dont deux frères de 5 et 7 ans tués dans un bombardement alors qu'ils étaient réfugiés dans une école de l'ONU à Beit Lahya (nord), selon des sources médicales et des témoins.

En trois semaines d'offensive, au moins 1.206 Palestiniens ont été tués, dont 410 enfants et 108 femmes, et plus de 5 300 blessés, selon les services d'urgence de Gaza. D'après le Centre palestinien des droits de l'Homme à Gaza, 65% des morts sont des civils.

Côté israélien, 10 militaires et trois civils ont péri durant la même période.

L'armée israélienne a évalué à plus de 500 le nombre de combattants du Hamas tués au cours de la guerre.

M. Olmert a présenté ses «regrets» pour le nombre élevé de victimes civiles chez les Palestiniens tout en rejetant la responsabilité sur le Hamas accusé d'avoir «pris en otage la population».