Le principal entrepôt de l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa) était la proie des flammes jeudi à Gaza-ville après avoir été touché par des tirs d'obus israéliens, un bombardement condamné par la communauté internationale.

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon s'est dit «scandalisé» par l'attaque sur l'agence onusienne, qui a dû suspendre une partie de ses activités humanitaires dans la ville. La France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne ont condamné cet acte, alors que l'Union européenne s'est dit «consternée».

Le Premier ministre israélien Ehud Olmert, qui a «regretté» ce bombardement, a affirmé que l'armée avait riposté à des tirs du Hamas en provenance du complexe. Mais selon M. Ban, le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a reconnu «une grave erreur» de l'armée.

Le directeur de l'Unrwa, John Ging, a pour sa part accusé l'Etat hébreu d'avoir tiré des bombes au phosphore sur le bâtiment, relançant la polémique sur l'utilisation de ce type d'armement.

Selon un porte-parole de l'organisation, Adnane Abou Hasna, trois employés de l'agence ont été blessés par les explosions.

Une vaste colonne de fumée s'échappait du complexe, selon les images diffusées par les télévisions. Les flammes ont détruit «plusieurs dizaines de millions de dollars d'aide», a dit à l'AFP M. Abou Hasna.

«Le secteur des ateliers, la plate-forme de transport et le dépôt sont en feu», a précisé John Ging, interrogé par CNN, ajoutant que 700 personnes attendaient d'être évacuées du complexe.

Le complexe de l'Unrwa à Gaza-ville est «la plate-forme de toutes les opérations humanitaires à Gaza, l'essence, la nourriture, tout est stocké ici», a-t-il souligné.

Le directeur de l'Unrwa a désigné clairement l'armée israélienne comme le responsable de l'incendie, précisant que les obus avaient été «tirés à plusieurs kilomètres» du site.

«Il n'y a pas de combats aux environs du complexe, ce sont des obus d'artillerie et des bombes au phosphore qui ont atteint la zone de l'entrepôt et des ateliers», a-t-il déclaré.

Selon lui, le sinistre est difficile à éteindre en raison des menaces d'émanations toxiques.

«L'utilisation de nos armes s'exerce dans le cadre des frontières légales du droit international», a pour sa part indiqué à l'AFP un porte-parole de l'armée, reprenant la position israélienne sur les accusations d'utilisation de phosphore dans la guerre de Gaza.

Ban Ki-moon, qui était jeudi à Tel-Aviv dans le cadre d'une tournée régionale pour obtenir un cessez-le-feu, a affirmé avoir demandé «une explication détaillée au ministre de la Défense et au ministre des Affaires étrangères» d'Israël.

Selon lui, M. Barak a qualifié ce bombardement de «grave erreur» et affirmé qu'il prenait cela «très au sérieux». «Il (Barak) m'a assuré que des consignes de prudence supplémentaire avaient été données pour qu'un tel incident ne se répète pas», a ajouté M. Ban.

Cette attaque a également été qualifiée d'«inacceptable» par le Premier ministre britannique Gordon Brown, le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier et le commissaire européen à l'aide humanitaire Louis Michel. Celui-ci a demandé «une enquête complète et indépendante» sur cet «incident très sérieux».

La France a également condamné «avec la plus grande fermeté» le bombardement.

L'Unrwa avait déjà suspendu ses activités le 8 janvier, lorsque des obus israéliens tirés sur un de ses convois avaient provoqué la mort d'un chauffeur. Trois écoles de l'ONU ont également été la cible de bombardements qui avaient tué une cinquantaine de civils.