Des combats de rue féroces ont opposé mardi soir des activistes palestiniens aux soldats israéliens dans la bande de Gaza, dont le sud a été la cible de raids aériens meurtriers et où le bilan des morts approchait le millier.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a accusé Israël de chercher à «anéantir» la population de Gaza, où l'armée israélienne a lancé le 27 décembre une offensive militaire dévastatrice contre le mouvement islamiste Hamas qui contrôle le territoire palestinien.

«C'est le 18ème jour de l'agression israélienne contre notre peuple et cette agression devient plus féroce chaque jour et le nombre de victimes augmente. Israël persiste dans cette agression pour anéantir notre peuple là-bas», a-t-il dit à Ramallah en Cisjordanie.

Mardi, au moins 70 Palestiniens ont péri dans la bande de Gaza, ce qui porte à au moins 975 le nombre de Palestiniens tués et à plus de 4.400 celui des blessés depuis le 27 décembre, selon un dernier bilan du chef des services d'urgences à Gaza, Mouawiya Hassanein.

Au total, dix militaires et trois civils israéliens ont été tués.

En soirée, l'aviation a lancé des raids dans le nord et le sud du territoire, tuant au moins huit Palestiniens, dont trois enfants qui jouaient dans la rue à Jabaliya, selon les sources médiales.

Parallèlement, les forces spéciales israéliennes ont progressé de plusieurs centaines de mètres à l'intérieur de certains quartiers de Gaza-ville, selon des témoins.

Des habitants ont signalé des combats intenses en soirée dans le quartier de Zeitoun et dans le camp de réfugiés de Jabaliya, au nord de la ville, où les hélicoptères Apache intervenaient en soutien des troupes au sol.

Le bruit des explosions des obus de chars et des tirs d'artillerie a résonné toute la journée alors que les violents bombardements aériens contre la ville de Rafah (sud), à la frontière avec l'Egypte, ont poussé des centaines d'habitants dans la rue à la recherche d'un refuge, selon l'ONG Care.

Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a affirmé que l'offensive avait atteint «la plupart» de ses objectifs «mais probablement pas tous».

L'armée israélienne a indiqué que les frappes aériennes avaient visé une centaine de cibles mardi, et notamment 55 tunnels utilisés pour la contrebande d'armes entre l'Egypte et la bande de Gaza.

Dix-huit roquettes et obus de mortier ont été tirés mardi par des activistes palestiniens sur Israël, soit trois fois moins qu'au début de l'offensive. Aucune victime n'a été signalée. L'objectif déclaré de l'opération israélienne était de faire cesser ces tirs.

«Nous avons remporté de très nombreux succès contre le régime, les infrastructures et la branche militaire du Hamas mais notre mission n'est pas terminée», a dit le chef d'état-major Gabi Ashkenazi, insistant sur le caractère «compliqué» des combats.

Un député ultranationaliste israélien, Avigdor Lieberman, a estimé qu'Israël devait combattre le Hamas à Gaza comme les Etats-Unis l'avaient fait face au Japon durant la Seconde guerre mondiale, dans une apparente allusion à l'utilisation de la bombe atomique.

Sur le front diplomatique, le Caire attendait toujours que le Hamas s'engage sur son plan pour un cessez-le-feu. Le numéro deux du bureau politique du Hamas, Moussa Abou Marzouk, a affirmé qu'il y avait «une chance» que son mouvement accepte le plan si des modifications y étaient apportées.

Un émissaire israélien, Amos Gilad, doit se rendre jeudi au Caire pour discuter du plan.

L'Arabie saoudite, l'Egypte et le Koweït ont indirectement rejeté l'appel du Qatar à un sommet arabe extraordinaire sur l'offensive contre Gaza, affirmant vouloir en discuter lors d'un sommet économique à Koweït en début de semaine prochaine.

A New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a apporté son soutien au secrétaire général Ban Ki-moon avant son départ pour le Proche-Orient où il veut obtenir la fin des combats à Gaza, en application de la résolution 1860 appelant à l'instauration «d'un cessez-le-feu immédiat» et restée lettre morte.

A Washington, la secrétaire d'Etat désignée, Hillary Clinton, a assuré que l'administration de Barack Obama ferait «tous les efforts possibles» pour permettre un accord de paix entre Israël et les Palestiniens.

A Londres, le Premier ministre britannique Gordon Brown, qui a demandé mardi à son homologue israélien Ehud Olmert d'appuyer un cessez-le-feu, s'est déclaré «profondément inquiet» devant les scènes de souffrance.

M. Olmert, a chargé son ministre des Affaires sociales, Yitzhak Herzog, de coordonner l'assistance humanitaire internationale à la bande de Gaza où la majorité des 1,5 million d'habitants vivant sous blocus, dépendent de l'aide étrangère.

Un million d'habitants vivent sans électricité, 750.000 sont sans eau et les hôpitaux fonctionnent grâce à des générateurs de secours, selon l'ONU.