Des roquettes tirées du Liban se sont abattues jeudi dans le nord d'Israël, apparemment en riposte à l'offensive à Gaza où de violents combats opposaient l'armée israélienne à des combattants palestiniens, le bilan des morts ayant franchi la barre des 700.

Au moins deux roquettes katioucha tirées depuis le Liban sont tombées dans l'ouest de la Galilée, dans le secteur de la ville de Nahariya et du kibboutz Kabri, blessant légèrement deux femmes, selon un dernier bilan.

L'armée israélienne a tiré en riposte plusieurs obus en direction du Liban, a indiqué un porte-parole militaire.

Les tirs n'ont pas été revendiqués mais, selon des sources militaires israéliennes, ils seraient le fait de groupes palestiniens réagissant à l'offensive à Gaza. Israël a relativisé la portée de cette attaque dans un souci de ne pas ouvrir un second front.

Peu après, des sources militaires ont fait état de la chute d'autres roquettes mais il s'agissait d'une fausse alerte.

L'armée israélienne a affirmé qu'il incombait «au gouvernement et à l'armée libanais» d'arrêter les tirs de roquettes.

«Des éléments palestiniens veulent entraîner le Liban dans une escalade et nous considérons qu'il incombe au gouvernement et l'armée libanaise d'empêcher ces tirs», a déclaré un porte-parole de l'armée.

Le gouvernement libanais a condamné ces tirs et le Hezbollah chiite, contre qui Israël avait lancé une offensive en 2006, a fait comprendre qu'il n'était pas impliqué.

Dans la bande de Gaza, où l'offensive israélienne en était jeudi à son 13ème jour, de violents accrochages ont opposé des combattants palestiniens aux troupes israéliennes notamment dans les secteurs de Beit Lahya et Jabaliya, dans le nord du territoire.

Cinq activistes du Jihad islamique ont été tués par des obus de char et des raids de l'aviation dans le secteur, selon des sources médicales.

Une femme de 40 ans et un civil ont également été tués et dix personnes blessées à Beit Lahya, où les blindés israéliens ont avancé de quelques centaines de mètres.

Un officier israélien a aussi été tué jeudi et un soldat a été blessé dans les combats au nord de Gaza-ville, selon l'armée israélienne, portant à huit le nombre de militaires israéliens tués depuis le début de l'offensive.

Des combats ont également été signalés dans le sud de la bande de Gaza, dans le secteur de Kissoufim, un point de passage avec Israël. Deux femmes ont été tuées dans un raid à Khan Younès.

Toujours dans le sud, l'armée israélienne a mené dans la nuit une série de raids contre des tunnels de contrebande à Rafah, à la frontière avec l'Egypte.

Dix-huit maisons palestiniennes ont été détruites ou endommagées alors que des centaines de familles ont fui le secteur.

Sur le front diplomatique, un émissaire d'Israël devait discuter jeudi au Caire de propositions de cessez-le-feu du président égyptien Hosni Moubarak, élaborées en coordination avec son homologue français Nicolas Sarkozy.

Ce plan prévoit notamment «un cessez-le-feu immédiat pour une période limitée» afin de permettre l'ouverture de couloirs humanitaires, la poursuite des efforts égyptiens en vue d'une trêve permanente et des arrangements pour sécuriser les frontières de la bande de Gaza avant leur éventuelle réouverture.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, a déclaré au journal Al-Hayat souhaiter parvenir à un cessez-le-feu dans les trois prochains jours.

Le Hamas a quant à lui fait part de ses «réserves», jugeant que le plan égyptien ne devait pas être considéré comme «un tout à prendre ou à laisser».

A New York, les tractations se sont prolongées entre ministres des Affaires étrangères américain, français et britannique et leurs homologues arabes pour tenter de soumettre un texte consensuel au vote du Conseil de sécurité.

Israël a interrompu ses bombardements sur Gaza-ville pendant trois heures mercredi pour permettre à la population de se ravitailler et a promis d'en faire autant jeudi.

Les agences humanitaires ont dénoncé une crise «totale» dans le territoire pauvre et surpeuplé, qui manque de denrées alimentaires, de carburant, d'eau courante et souffre de coupures d'électricité.

Le pape Benoît XVI a affirmé que «l'option militaire n'est pas une solution» pour résoudre le conflit qui oppose Israéliens et Palestiniens, dans son discours annuel au corps diplomatique accrédité auprès du Vatican.

Israël affirme que son offensive vise à contraindre le Hamas à mettre fin aux attaques à la roquette, qui ont tué quatre Israéliens depuis le 27 décembre. Une dizaine de roquettes ont été tirées jeudi sur le sud d'Israël, selon l'armée.

L'offensive israélienne a tué au moins 708 Palestiniens, dont 220 enfants et 86 femmes, et fait plus de 3.100 blessés, selon les services d'urgence palestiniens.

En Cisjordanie, un Palestinien a été abattu jeudi par des policiers alors qu'il tentait de mettre le feu à une station-service, dans un apparent geste de protestation contre l'offensive à Gaza, a indiqué la police israélienne.

A Bethléem, des milliers de Palestiniens ont manifesté contre l'offensive israélienne. Des manifestants ont lancé des pierres sur des soldats israéliens, selon des témoins.