Les combats entre les troupes israéliennes et le Hamas s'étendaient mardi aux zones urbaines surpeuplées de la bande de Gaza où le bilan des morts continue de s'alourdir, Israël rejetant toute trêve immédiate en dépit des appels internationaux à une cessation des hostilités.

Après une nuit marquée par de violents accrochages, notamment dans les quartiers de Zeitoun, Choujaïya et Touffah à l'extrémité de Gaza-ville, des affrontements se sont poursuivis mardi matin dans les mêmes secteurs ainsi que dans des zones urbaines à Jabaliya et Beit Lahya, dans le nord de la bande de Gaza, Khan Younès, Boureij et Deir el-Balah dans le sud.Cinq Palestiniens ont en outre été tués dans la matinée dans des attaques israéliennes, sur deux écoles gérées par l'ONU à Gaza-ville et dans le sud de la bande de Gaza, selon une source médicale et un porte-parole de l'ONU.

Des milliers de Palestiniens ayant fui les zones de combats ou dont les maisons ont été détruites se sont réfugiés dans des écoles de l'ONU à Gaza.

Dans la nuit, huit Palestiniens, dont six combattants, ont notamment été tués lors d'un accrochage avec une force israélienne à Deir el-Balah alors que huit autres Palestiniens ont péri à Jabaliya et trois dans le quartier de Zeitoun, selon les sources palestiniennes.

Deux des victimes de Zeitoun sont mortes sous les décombres d'un immeuble de quatre étages frappé par l'aviation alors que des recherches continuent dans les ruines pour trouver une vingtaine d'autres personnes, selon des témoins.

Depuis son lancement le 27 décembre, l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, dont l'objectif déclaré est de mettre fin aux tirs de roquettes palestiniennes, a fait plus de 575 morts palestiniens, dont des dizaines de civils parmi lesquels 159 enfants, et plus de 2780 blessés, selon des sources médicales palestiniennes.

L'inquiétude grandissait face au risque d'une aggravation de la crise humanitaire dans ce territoire pauvre et surpeuplé, où l'offensive israélienne a provoqué une grave pénurie de denrées, de carburant et d'eau courante ainsi que des coupures électriques, selon des agences de l'ONU.

«Nos soldats agissent parfaitement, progressent selon les plans», a déclaré le général Gaby Ashkenazi, chef d'état-major israélien, à la radio militaire, dans une rare intervention publique.

L'armée israélienne a par ailleurs annoncé que quatre de ses militaires, dont un officier, avaient été tués et 24 blessés lundi soir dans le nord de la bande de Gaza lorsqu'un char israélien avait fait feu «par erreur» sur leur position.

Au total, cinq militaires israéliens ont péri et 79 ont été blessés depuis le début de l'offensive terrestre, selon le bilan officiel israélien.

Malgré l'offensive, une dizaine de nouvelles roquettes ont été tirées mardi matin sur le sud d'Israël, selon l'armée. Quatre Israéliens sont morts dans ces tirs depuis le 27 décembre.

Une de ces roquettes s'est pour la première fois abattue à plus de 45 km au nord-est de la bande de Gaza en tombant sur la ville israélienne de Gedera, blessant légèrement un nourrisson, a indiqué un porte-parole de l'armée.

Selon un rapport des renseignements militaires israéliens dont le quotidien Maariv a rendu compte mardi, le Hamas est en mesure de tirer des roquettes contre Israël pendant encore plusieurs semaines.

L'armée israélienne a affirmé mardi avoir tué 130 combattants du Hamas depuis le début de la phase terrestre de son offensive à Gaza samedi.

En dépit des pressions internationales, le premier ministre israélien Ehud Olmert a rejeté lundi soir tout cessez-le-feu sans une assurance de l'arrêt total des tirs de roquettes, lors d'une rencontre à Jérusalem avec le président français Nicolas Sarkozy.

M. Sarkozy, qui poursuivait mardi en Syrie et au Liban une tournée régionale, a plaidé pour un «cessez-le-feu humanitaire de plusieurs jours».

«Non seulement le Hamas doit arrêter de tirer (des roquettes) mais il ne doit plus être en mesure d'en tirer», a rétorqué M. Olmert, selon un haut responsable israélien.

La chef de la diplomatie israélienne Tzipi Livni a affirmé qu'Israël ne passerait «pas d'accord avec le terrorisme», en référence au Hamas.

M. Sarkozy, qui a rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas en Cisjordanie, a aussi accusé le Hamas d'avoir agi de «façon irresponsable et impardonnable» en décidant de ne pas renouveler la trêve et en reprenant les tirs.

Le Hamas l'a accusé en retour de «partialité totale».

A Washington, le président George W. Bush a maintenu son soutien à Israël.

A l'ONU, où les Etats arabes ont entamé une offensive diplomatique pour obtenir dès que possible un cessez-le-feu durable à Gaza, une réunion ministérielle du Conseil de sécurité est prévue ce mardi.

Présente depuis lundi au Caire, une délégation du Hamas doit de son côté rencontrer des responsables égyptiens pour discuter des moyens de mettre fin à la guerre et de lever le blocus israélien sur Gaza.