La bande de Gaza est coupée en deux. Sa principale ville est encerclée. L'armée israélienne, appuyée par des chars d'assaut et des raids aériens, poursuit son avancée en territoire palestinien. Et la situation humaine ne cesse de s'aggraver. Bilan de la deuxième journée d'une guerre qui s'annonce sanglante.

L'armée israélienne a pénétré plus avant dans la bande de Gaza, hier, coupant le territoire en deux et isolant sa principale ville, au deuxième jour de son offensive terrestre. L'invasion se poursuivra malgré les appels au calme, et elle s'annonce meurtrière: les soldats pourraient se frotter au Hamas dans une guérilla urbaine.

 

En matinée, des blindés ont bloqué l'une des principales routes nord-sud. L'infanterie a pris position autour de la ville de Gaza et les chasseurs ont poursuivi leurs raids aériens. Mais l'essentiel des opérations s'est déroulé dans les campagnes.

Déclenchée samedi avec l'objectif de détruire les bases d'où le Hamas lance ses roquettes, l'offensive terrestre risque toutefois de s'intensifier. Selon l'Associated Press, le Hamas aurait embusqué près de 20 000 artilleurs dans la ville de Gaza.

Déjà, la liste des victimes s'allonge. Cinq membres d'une famille sont morts lorsqu'un char a tiré sur leur voiture au sud de Gaza. Trois ambulanciers qui tentaient de porter secours à des blessés ont aussi été tués.

Les autorités palestiniennes ont recensé 64 morts depuis le début de l'offensive terrestre, dont 46 combattants du Hamas. Cela porte le bilan à 510 morts et 2450 blessés depuis le début des raids israéliens, le 27 décembre dernier. Le quart des victimes sont des civils.

Côté israélien, l'armée a confirmé la mort d'un soldat, et quatre civils ont été tués par des tirs de roquettes depuis 10 jours.

Des Palestiniens terrorisés

Les habitants du territoire restent privés d'électricité et d'eau courante. Et terrorisés.

Joint par La Presse à Gaza, Mohamed Hilis s'est dit profondément inquiet. Plusieurs résidants de son quartier ont été blessés par les mortiers. Combien exactement? Il ne sait trop. Il reste barricadé dans son domicile avec sa famille, de crainte d'être bombardé.

«La vie est très pénible, a-t-il confié lors d'un entretien téléphonique. Si nous devons quitter la maison, nous devons absolument prendre notre voiture. Et encore, nous n'allons pas loin. Nous sommes tous des cibles, ici, même les civils.»

Ottawa blâme le Hamas

Pendant ce temps, les appels au calme se multiplient de par le monde. Le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, s'est dit «profondément préoccupé» par les combats. Il a appelé à un cessez-le-feu «viable et durable», tout en blâmant le Hamas pour l'aggravation des hostilités.

«Nous insistons pour que les efforts diplomatiques internationaux s'intensifient afin d'en arriver à un cessez-le-feu viable et durable, à commencer par l'arrêt de toutes les attaques à la roquette contre Israël, a-t-il affirmé dans un communiqué.

«Le Canada considère les attaques à la roquette comme étant la cause de cette crise», a-t-il ajouté.

Ottawa partage donc la position de l'administration Bush, dont le vice-président, Dick Cheney, a montré du doigt les dirigeants islamistes pour le déclenchement de la crise. Il a aussi précisé que l'État hébreu n'avait pas réclamé le feu vert de Washington avant de lancer ses opérations militaires.

La veille, lors d'une réunion du Conseil de sécurité, les États-Unis avaient bloqué une résolution réclamant un cessez-le-feu immédiat. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a d'ailleurs exprimé son inquiétude, hier, et appelé sesmembres à trouver une solution rapidement pour mettre fin à l'impasse.

Le président français, Nicolas Sarkozy, qui a maintes fois réclamé l'arrêt des hostilités, se rendra au Moyen-Orient aujourd'hui dans l'espoir de débloquer la crise.

Appels au calme rejetés

Entre-temps, Israël a rejeté tous les appels au calme. «Israël ne peut pas stopper ses activités militaires avant d'avoir atteint les objectifs qu'il s'est fixés», a déclaré le premier ministre Ehoud Olmert lors d'un entretien téléphonique avec le président russe, Dmitri Medvedev.

De son côté, le Hamas a qualifié de «farce» l'incapacité du Conseil de sécurité à s'entendre sur un texte appelant à la fin des combats et blâmé Washington pour l'impasse.

Avec AP, AFP, The New York Times et CNN