Les appels au cessez-le-feu dans la bande de Gaza se sont multipliés dimanche après le lancement d'une offensive terrestre par Israël, condamnée par la France et l'Espagne.

La France a «condamné l'offensive terrestre israélienne contre Gaza», tandis que l'UE a estimé qu'Israël n'avait pas le droit d'engager des actions militaires qui «affectent largement les civils».Les Etats-Unis, qui ont empêché l'adoption d'un texte au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant l'offensive, se sont prononcés pour «un cessez-le-feu durable» qui ne revienne pas au statu quo.

Les troupes israéliennes, appuyées par des chars et des hélicoptères, sont entrées dans la bande de Gaza samedi soir et y affrontaient dimanche les islamistes du Hamas.

Les Etats-Unis souhaitent un cessez-le-feu «le plus vite possible» dans la bande de Gaza, mais il ne doit pas permettre un retour au «statu quo», a indiqué samedi un porte-parole du département d'Etat.

Des «responsables américains» sont «en contact régulier avec les Israéliens ainsi qu'avec des responsables de la région et en Europe», a assuré la Maison Blanche.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait demandé la fin immédiate de l'offensive terrestre israélienne dans la bande de Gaza, avant la réunion d'urgence samedi soir du conseil de sécurité.

M. Ban s'est entretenu au téléphone samedi avec le Premier ministre israélien Ehud Olmert et lui a fait part «de son extrême préoccupation et de sa déception» après le déclenchement de l'offensive terrestre.

Les critiques les plus explicites du monde occidental sont venues de la France, qui a «condamné l'offensive terrestre israélienne contre Gaza comme elle condamne la poursuite des tirs de roquettes».

«Cette escalade militaire dangereuse complique les efforts engagés par la communauté internationale, en particulier l'Union européenne et la France, les membres du Quartette et les Etats de la région pour faire cesser les combats, apporter immédiatement une aide aux civils et aboutir à un cessez-le-feu permanent», poursuit le communiqué du ministère français des Affaires étrangères.

Le président français Nicolas Sarkozy se rend lundi et mardi en tournée au Proche-Orient.

L'Espagne pour sa part «exhorte le Hamas à cesser de lancer des roquettes et Israël à mettre fin à son offensive terrestre», selon un porte-parole du ministère espagnol des Affaires étrangères cité par l'agence Europa Press.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, ancien envoyé spécial de l'UE au Moyen-Orient, a exprimé samedi sa «solidarité et son soutien» au président palestinien Mahmoud Abbas lors d'une conversation téléphonique après le lancement de l'offensive terrestre d'Israël.

La présidence tchèque de l'Union européenne a estimé que «même le droit indéniable d'un Etat à se défendre lui-même n'autorise pas des actions qui affectent massivement les civils».

«Nous appelons à la facilitation de (l'accès) de l'aide humanitaire aux habitants de la bande de Gaza et à l'instauration d'un cessez-le-feu», a ajouté le ministre tchèque des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg, qui part dimanche en tournée au Proche-Orient à la tête d'une mission européenne.

La présidence tchèque de l'UE a ainsi rectifié le tir dans la nuit, en revenant sur les premières déclarations du premier ministre Mirek Topolanek, qui avait estimé que l'opération était «plus défensive qu'offensive».

Le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband a estimé que l'offensive israélienne démontrait «le besoin urgent d'un cessez-le-feu immédiat». «Cette escalade du conflit cause désarroi et consternation», a-t-il déclaré.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a discuté pendant quatre heures samedi soir de la situation à Gaza sans pouvoir s'entendre sur un texte appelant à un arrêt des hostilités.

D'emblée, les Etats-Unis, qui disposent d'un droit de véto au conseil, avaient fait savoir qu'ils ne souhaitaient pas voir cette réunion déboucher sur un «produit» (résolution ou déclaration formelle), ont indiqué des diplomates.

«Ce qui s'est passé au Conseil de sécurité est une farce qui montre l'ampleur de la domination sur ses décisions exercée par l'Amérique et l'occupant sioniste», a réagi, dans un communiqué, le mouvement islamiste Hamas, cible d'Israël.

Le président du parlement iranien Ali Larijani a prédit dimanche que la bande de Gaza deviendrait un «cimetière» pour les Israéliens.

Des pays musulmans dont le Pakistan ont demandé dimanche la fin immédiate de l'offensive terrestre israélienne, la Jordanie appelant la communauté internationale à «assumer ses responsabilités».