L'Irak a pris le contrôle jeudi de la «zone verte», secteur ultra-protégé de Bagdad et symbole de l'occupation américaine, quelques heures après l'expiration du mandat de l'ONU sur la présence des soldats de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.

La passation de pouvoir s'est déroulée au Palais républicain, ancienne résidence présidentielle de Saddam Hussein, en présence de responsables irakiens. Aucun responsable américain, militaire ou civil, n'était présent, a constaté un journaliste de l'AFP.Selon un responsable irakien, les Américains avaient quitté le palais la veille après avoir retiré leur drapeau. Un drapeau irakien flotte désormais sur ce bâtiment.

«Nous avons le droit de considérer ce jour comme celui du retour de la souveraineté et comme le commencement (d'un processus) pour recouvrer chaque parcelle de notre territoire», a déclaré le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki devant des responsables civils et militaires irakiens.

«Ce palais est le symbole de la souveraineté irakienne et c'est un message lancé à tous les Irakiens: nous avons retrouvé notre souveraineté», a ajouté M. Maliki qui a annoncé que le 1er janvier serait désormais une «fête nationale».

Occupé depuis 2003 par les forces américaines et l'ambassade des Etats-Unis, le palais gigantesque aux façades couleur sable, au coeur de la «zone verte», était considéré par les Irakiens comme le symbole de l'occupation américaine.

L'ancien dictateur Saddam Hussein en avait fait sa résidence officielle jusqu'à sa chute en 2003.

Quand les troupes de la coalition avaient envahi l'Irak, les soldats américains avaient immédiatement pris ce palais et y avaient établi leurs quartiers.

Avec la fin du mandat de l'ONU et l'entrée en vigueur d'accords bilatéraux de sécurité signés entre Bagdad, Washington et Londres notamment, les autorités irakiennes auront un contrôle accru de leur sécurité, même si les troupes étrangères, comme les 146.000 soldats américains, resteront en Irak.

Les Etats-Unis qui fournissent 95% des troupes de la coalition, ont signé dès novembre un accord avec Bagdad, qui prévoit leur retrait total d'ici la fin 2011.

En revanche, la Grande-Bretagne et ses 4.100 hommes terminera sa mission en mai avant un retrait total fin juillet 2009. Les Britanniques ont transmis jeudi aux Irakiens le contrôle de l'aéroport de Bassorah (sud) où ils sont établis.

Les Irakiens sont désormais les «décisionnaires ultimes» en matière de sécurité (barrages de contrôle, murs anti-attentats) en Irak. «Mais bien sûr, cela se fera en très étroite coordination avec les forces de la coalition», a récemment indiqué le porte-parole de la coalition, le général David Perkins.

Dans les près de 400 bases ou postes que tiennent les Américains en Irak, les commandants se sont préparés à la nouvelle donne régie par l'accord de sécurité signé entre Washington et Bagdad.

Les troupes américaines devront désormais demander la permission aux Irakiens pour toute opération militaire et devront également avoir un mandat d'un juge pour arrêter un suspect.

La prise de contrôle par les Irakiens intervient au moment où les violences sont au plus bas depuis février 2006, confirmant l'amélioration progressive de la sécurité dans le pays, en particulier à Bagdad.

Selon un bilan établi à partir de sources des ministères de la Défense, de l'Intérieur et de la Santé, les violences du dernier mois de l'année ont coûté la vie à 316 civils, policiers et militaires irakiens, contre 340 en novembre.

Au total, 6.772 Irakiens ont été tués en 2008 contre 17.430 en 2007.

Par ailleurs, 314 soldats américains sont morts en 2008, ce qui porte à 4.221 les pertes américaines en Irak depuis l'invasion de mars 2003, selon un bilan établi à partir du site icasualties.org.