Israël a poursuivi dimanche ses raids aériens à Gaza, qui ont fait près de 300 morts, et donné son feu vert à la mobilisation de milliers de réservistes en vue d'une éventuelle offensive terrestre.

L'opération dite «plomb durci», d'une violence inédite depuis l'occupation des territoires palestiniens par Israël en 1967, vise selon l'Etat hébreu à mettre fin aux tirs de roquettes sur le sud du pays depuis la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste Hamas.

Les raids déclenchés samedi ont fait près de 300 morts, en majorité des policiers du Hamas, et plus de 600 blessés, selon un nouveau bilan diffusé dimanche soir par les services d'urgence palestiniens.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a fait état pour sa part de plus de 950 blessés.

Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a autorisé dimanche plus de 100 camions à délivrer de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, a annoncé son ministère.

Le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a accusé Israël de «commettre un holocauste au vu et au su du monde entier, qui n'a pas bougé le petit doigt». La «résistance palestinienne se réserve le droit de riposter à cette agression par des opérations de martyre», c'est-à-dire des attentats suicide, a-t-il affirmé.

Au total, une vingtaine de roquettes ont été tirées dimanche depuis la bande de Gaza sur le sud d'Israël, sans faire de victimes. L'une d'elles, de type Grad, a atteint pour la première fois Gan Yavné, près du port d'Ashdod, à plus de 30 kilomètres au nord de Gaza, selon les secours israéliens.

Laissant planer la menace d'une offensive terrestre à Gaza, Israël a mobilisé 6 500 réservistes, a annoncé un haut responsable à l'issue de la réunion hebdomadaire du gouvernement.

L'armée israélienne «élargira et approfondira ses opérations à Gaza autant que nécessaire», a averti le ministre de la Défense Ehud Barak. «Cela ne sera pas de courte durée et ne sera pas facile».

Israël a commencé à masser des chars et des troupes à la lisière de la bande de Gaza, selon des photographes de l'AFP.

L'aviation a dans le même temps poursuivi ses raids contre ce territoire, visant notamment le «Saraya», un complexe abritant la principale prison de Gaza et un quartier général des services de sécurité du Hamas, et en soirée des ateliers de fabrication de roquettes.

Une mosquée du camp de réfugiés de Jabaliya, au nord de la ville de Gaza, a été touchée par un bombardement et deux personnes, dont un bébé, y ont été tuées, a annoncé dimanche soir le chef des services des urgences du territoire, Mouaouiya Hassanein.

Dans la nuit de dimanche à lundi, un avion israélien a bombardé l'Université islamique de Gaza, considérée comme un bastion du mouvement islamiste Hamas, sans faire de victimes, ont indiqué des témoins.

Dans l'après-midi, l'aviation a dit avoir mené des raids contre «40 tunnels» de contrebande dans le secteur de Rafah à la frontière du territoire avec l'Egypte. Ces souterrains permettent au Hamas d'introduire des armes dans la bande de Gaza, soumise à un blocus israélien.

De l'autre côté de la frontière, la police égyptienne a tiré des coups de feu en l'air pour empêcher des dizaines de Palestiniens d'entrer en Egypte au nord du terminal de Rafah. Le Caire a déployé de nouveaux renforts dans ce secteur.

En soirée, un policier égyptien a été tué par balle et un autre blessé à Rafah par des tirs en provenance de la bande de Gaza, selon les services de sécurité égyptiens et des sources médicales, qui ignoraient l'origine de ces tirs.

Rafah cristallise des tensions de plus en plus palpables entre l'Egypte et le Hamas.

Le mouvement islamiste, qui a accusé l'Egypte de complot avec Israël, a réclamé dimanche l'ouverture permanente du terminal de Rafah.

Le secrétaire général du parti chiite libanais Hezbollah, Hassan Nasrallah, a appelé le peuple égyptien à descendre «par millions» dans la rue pour forcer l'ouverture de Rafah.

«La police égyptienne peut-elle tuer des millions d'Egyptiens? Peuple d'Egypte, vous devez ouvrir le terminal de Rafah avec la force de vos corps», a déclaré le chef d'un mouvement auréolé dans la rue arabe du prestige lié à ses succès contre l'armée israélienne lors de la guerre de 2006 au Liban.

Pour la seconde journée consécutive, de nombreuses manifestations de soutien ont été organisées en Cisjordanie, dans les villes arabes et ailleurs dans le monde.

Conséquence des raids israéliens, la Syrie a estimé que ses négociations indirectes de paix avec Israël, lancées en mai par l'intermédiaire de la Turquie, ne pourraient pas se poursuivre.

«C'est l'agression israélienne contre Gaza elle-même qui ferme la porte à toute action dans le processus politique», a déclaré à l'AFP un responsable syrien.

Le président américain élu Barack Obama s'est déclaré «déterminé» à oeuvrer pour la paix au Proche-Orient, a indiqué un de ses proches conseillers dimanche.

Au Caire, le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit a affirmé à l'issue d'un entretien avec le président palestinien Mahmoud Abbas que l'Egypte tentait de négocier un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, qui pourrait être suivi d'une trêve similaire à celle qui avait expiré le 19 décembre après avoir été tant bien que mal respectée six mois durant.

Selon l'armée israélienne, environ 230 cibles du Hamas ont été visées en 24 heures à Gaza. Un porte-parole du gouvernement israélien a affirmé que «97%» des victimes des raids appartenaient au Hamas.