Israël a lancé samedi des raids aériens meurtriers contre le Hamas à Gaza, qui ont fait plus de 200 morts et 700 blessés dans une tentative d'en finir avec les tirs de roquettes depuis le territoire sous contrôle du mouvement islamiste.

L'opération «plomb durci», attaque d'une ampleur sans précédent dans un territoire palestinien, a été déclenchée à 11H30 locales, tuant 230 personnes, pour la plupart des membres de la police du Hamas, et en blessant 700 autres dont 140 grièvement, selon un nouveau bilan de sources hospitalières palestiniennes.

Selon un haut responsable militaire israélien, l'armée de l'air a attaqué uniquement des «objectifs militaires» et réussi à porter un coup sévère en surprenant le Hamas. Mais il s'agit uniquement du premier acte d'une campagne de «longue haleine» pour forcer le Hamas à stopper les tirs.

En quelques minutes, une soixantaine d'appareils israéliens ont bombardé une cinquantaine de sites du mouvement islamiste, notamment le quartier général de la police dans la ville de Gaza et des camps d'entraînement. Par la suite, l'aviation a attaqué des lanceurs de roquettes.

Le général Tawfik Jaber, chef de la police du Hamas, a été tué dans les raids, selon le porte-parole de cette force.

En toute fin de soirée, un nouveau raid a entraîné la mort de deux membres de la branche armée du Hamas, qui se préparaient à lancer des roquettes.

Par ailleurs une mosquée proche de l'hôpital Shifa de Gaza a été gravement endommagée par un tir de missiles air-sol en direction de deux policiers du Hamas, qui étaient à sa porte, selon des témoins. Deux hommes ont été tués dans le bâtiment.

Plus de 70 roquettes et obus de mortiers ont été tirés en riposte samedi par des Palestiniens à partir de la bande de Gaza contre Israël, selon l'armée israélienne. Ces tirs ont tué un civil et fait quatre blessés.

L'opération «se poursuivra et s'intensifiera autant que cela sera nécessaire», a averti le ministre israélien de la Défense Ehud Barak, et un porte-parole militaire a confirmé dans la nuit de samedi à dimanche que l'armée poursuivait ses attaques.

Le Premier ministre du gouvernement de transition, Ehud Olmert, a affirmé qu'Israël ne «combattait pas le peuple palestinien» mais le Hamas, et s'est engagé à éviter une «crise humanitaire» à Gaza.

Le chef du gouvernement du Hamas Ismaïl Haniyeh a répliqué que les attaques israéliennes ne feraient pas plier son mouvement.

Le Hamas a appelé sa branche armée, les brigades Ezzedine al-Qassam, à «mettre tous les moyens en oeuvre pour empêcher les sionistes de dormir».

Son chef en exil, Khaled Mechaal, a appelé à déclencher une nouvelle intifada contre Israël et a évoqué une reprise des attentats suicide, dans un entretien à la chaîne qatarie Al-Jazira.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a qualifié l'offensive israélienne «d'agression lâche» et dénoncé les «massacres dans la bande de Gaza».

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit «profondément inquiet» et a appelé à un «arrêt immédiat des violences».

La Maison Blanche a de son côté estimé que le Hamas avait les cartes en main, faisant valoir que le mouvement pouvait mettre un terme aux frappes israéliennes en cessant ses propres tirs de roquettes sur l'Etat hébreu.

Les Etats-Unis ont toutefois appelé Israël à faire en sorte que les raids ne fassent pas de victimes civiles.

Le président élu américain Barack Obama «surveille» la situation dans la bande de Gaza, a déclaré une porte-parole depuis Hawaï où il passe les fêtes.

L'Union européenne et Moscou, entre autres, ont appelé à la fin «immédiate» des violences.

Les dirigeants de la Ligue arabe, dont les pays ont unanimement condamné ces raids, doivent tenir vendredi à Doha un sommet extraordinaire consacré à l'offensive israélienne. Leurs ministres des Affaires étrangères se réuniront deux jours plus tôt au Caire, selon des sources diplomatiques.

En réaction aux raids israéliens, des centaines de Palestiniens ont manifesté en Cisjordanie et à Jérusalem-est.

Deux cents pacifistes israéliens ont manifesté quant à eux devant le ministère de la Défense à Tel-Aviv contre l'offensive et pour un cessez-le-feu avec le Hamas.