Le président afghan Hamid Karzai s'est rendu mardi dans la province de Khost (sud-est) pour assister à une cérémonie en l'honneur de trois civils récemment tués par un raid de l'armée américaine, et prier avec leurs familles, a constaté un journaliste de l'AFP.

Arrivé de Kaboul par hélicoptère, Hamid Karzai a été accueilli par plusieurs centaines d'habitants sur le campus de l'université de Khost, surveillé par un imposant service d'ordre. «Je suis venu offrir mes prières aux familles aux martyrs victimes des opérations des forces de la coalition, a-t-il déclaré.

La cérémonie de prière était organisée en l'honneur des trois personnes, dont une femme, tuées le 17 décembre lors d'un raid américain sur leur maison.

L'armée américaine a affirmé qu'elles étaient des rebelles liés au réseau Al-Qaïda. Les villageois ont eux indiqué qu'elles étaient de simple civils.

«Il était 11 heures du soir. Nous avions des invités à la maison, et les Américains sont arrivés sans prévenir. Ils ont tué une femme, un homme et un enfant de notre famille. Puis ils ont emmené cinq personnes de notre famille. Ils ont même fouillé un nouveau né de 6 jours», a raconté sur place un membre de la famille, le «Docteur» Bilal.

Les anciens du village ont notamment demandé à M. Karzai la fin des opérations américaines meurtrières et des fouilles de maisons. Certains ont également réclamé le retrait de toutes les forces étrangères d'Afghanistan.

Hamid Karzai, dont la venue à Khost est restée secrète jusqu'au dernier moment, leur a déclaré qu'il avait parlé de cet incident au chef d'état-major américain, l'amiral Michael Mullen, en visite le week-end dernier à Kaboul.

«Je lui a fait part des inquiétudes et des griefs des victimes civiles» des opérations de la coalition sous commandement américain, a ajouté M. Karzai, en assurant que l'amiral Mullen lui avait «promis qu'à partir de maintenant, de telles opérations n'arriveraient plus».

«Désormais, les incidents de ce type ne devraient plus se reproduire», a-t-il conclu.

M. Karzai, qui ne cesse de dénoncer la brutalité des opérations militaires américaines, a également déclaré aux villageois qu'il relayerait leurs inquiétudes auprès des Nations Unies afin de «mettre la pression sur les forces étrangères pour qu'elles cessent» ces opérations.

Il est ensuite reparti à Kaboul, après deux heures passées sur place.

Près de 70.000 soldats étrangers sont actuellement déployés en Afghanistan pour soutenir le gouvernement de M. Karzai face à l'insurrection menée notamment par les talibans, chassés du pouvoir par la coalition à la fin 2001.

Les opérations militaires étrangères, en premier lieu les bombardements, contre les rebelles afghans ont tué des centaines de civils depuis 2001.