L'avenir de la présence en Irak après le 31 décembre 2008 des troupes étrangères non américaines était sérieusement compromis lundi en raison d'une crise parlementaire sans précédent.

«Le Parlement, qui devait initialement terminer ses travaux lundi, se réunira à nouveau mardi à 14h00. Il n'y aura pas de débat sur l'avenir des forces étrangères avant que la question du sort (du président Mahmoud, ndlr) Machhadani ne soit réglée», a affirmé à l'AFP cheikh Jamal al-Boutikh, chef du groupe parlementaire de la Liste nationale irakienne (liste laïque).

«La crise est à son summum car la majorité des députés irakiens veulent le limogeage de Machhadani qui les avait offensés la semaine dernière», a-t-il dit.

«La réunion de mardi sera consacrée à l'affaire Machhadani», a confirmé à l'AFP un député kurde Feriad Arendouzi.

Un autre député, Salim Abdallah, porte-parole du Front de la Concorde irakienne (sunnite), a confirmé le menu de la réunion de mardi mais précisé qu'il y aurait «une autre réunion peut-être demain (mardi) ou sinon un autre jour sur la question du retrait des troupes étrangères».

Lundi, les députés avaient discuté de la pétition anti-Machhadani présentée par 54 signataires appartenant aux deux principaux groupes parlementaires: les chiites de l'Alliance unifiée irakienne (AUI, 85 sièges) et l'Alliance Kurde (53 sièges) ainsi que des députés indépendants.

«Les députés ne parlent que de cette affaire et ont totalement oublié l'histoire des forces étrangères», a affirmé un fonctionnaire du Parlement qui se trouve dans la salle.

Or, sans le vote d'une résolution mandatant le gouvernement pour signer des accords permettant aux soldats de la Coalition - exception faite des troupes américaines - de rester en Irak, leur présence est illégale après l'expiration du mandat de l'ONU le 31 décembre.

Lundi, à New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a d'ailleurs adopté à l'unanimité la résolution 1959 entérinant la fin de ce mandat le 31 décembre.

Une véritable course contre la montre est donc lancée puisque le Parlement irakien aurait dû se réunir pour la dernière fois ce lundi et ne tenir une nouvelle séance que le 30 décembre.

Un véritable chaos a régné lundi au Parlement, où plus de 150 députés sur 275 étaient réunis en fin d'après-midi.

Le 17 décembre, M. Machhadani, excédé par la tournure des discussions au Parlement, s'était levé et avait annoncé sa démission en déclarant que les députés qui voteraient contre étaient «des chiens, des fils de chiens».

Il s'était ensuite rétracté et avait présenté samedi ses excuses mais une majorité de députés ne les avait pas acceptées.

Après plus de deux heures de discussions houleuses lundi, au cours de laquelle M. Machhadani a lancé à un député kurde «Tu ne décideras pas de mon avenir, rentre au Kurdistan» et a accusé un autre parlementaire d'être un «agent d'Israël» pour s'être rendu en septembre à Tel-Aviv, la séance a été reportée à mardi.

Lors de la séance de lundi, il était prévu que les députés votent enfin une résolution mandatant le gouvernement de Nouri al-Maliki pour discuter et signer des accords bilatéraux avec les pays de la Coalition encore présents en Irak, à l'exception des États-Unis.

Selon le texte, obtenu de source parlementaire, «le Parlement autorise le gouvernement irakien à prendre toutes les mesures qui s'imposent afin de réaliser le retrait complet des forces britanniques, nord-irlandaises, australiennes, roumaines, salvadoriennes, estoniennes et celles de l'OTAN au plus tard le 31 juillet 2009».

Le texte mandate également le gouvernement «pour organiser leur présence et leurs activités jusqu'à leur retrait complet du pays».

Les Américains, qui constituent 95% de ces forces, ont déjà signé un accord bilatéral avec les Irakiens pour rester en Irak jusqu'à la fin 2011.