George W. Bush a poursuivi hier sa tournée d'adieu par une escale surprise à Kaboul, en Afghanistan, où il n'a pas été la cible de chaussures, mais où il a pu juger de la dégradation de la situation après sept années de guerre.

Les camionneurs pilotant les convois de l'OTAN transitant par le Pakistan se sont mis en grève, invoquant l'insécurité croissante, alors que le trafic reprenait après les attentats massifs d'il y a deux semaines contre des dépôts où des centaines de véhicules de l'Alliance ont été détruits.

 

Les relations avec le Pakistan ont subi un autre coup entre-temps, un missile américain ayant tué au moins deux personnes et blessé trois autres dans une zone tribale proche de l'Afghanistan.

Cinq semaines avant de céder la place au président désigné Barack Obama, Bush s'est adressé à un millier de GI sur le tarmac de la base aérienne de Bagram. Il était 5h30 du matin.

Optimisme et dégradation

«L'Afghanistan est un pays différent de façon spectaculaire par rapport à ce qu'il était il y a huit ans. Nous faisons des progrès», a-t-il dit sous des applaudissements.

L'année en Afghanistan a en fait été marquée par une forte hausse des attaques et attentats, notamment dans le sud du pays, fief des talibans. Environ 31 000 soldats américains y servent et les généraux en réclament 20 000 de plus.

Bush s'est ensuite rendu par hélicoptère sous très haute surveillance jusqu'à la résidence du président Hamid Karzaï, où une garde d'honneur l'attendait.

Lors d'une conférence de presse commune, Bush a affirmé que l'Afghanistan pouvait compter sur les États-Unis: «Tout comme vous avez pu compter sur cette administration, vous pourrez compter sur la prochaine».

Obama s'est engagé à accroître la présence militaire américaine en Afghanistan tout en retirant les GI d'Irak.

Karzaï a dit que son pays n'entendait pas dépendre toujours de l'aide étrangère même si, a-t-il ajouté, l'Afghanistan en a encore besoin.

Les journalistes, contrairement à leurs homologues irakiens, ont gardé leurs chaussures aux pieds même si la salle de presse bruissait de plaisanteries sur la mésaventure de Bush à Bagdad.

Charnier retourné

Enfin, un charnier a été retourné dans le nord de l'Afghanistan pour, semble-t-il, faire disparaître les preuves d'un massacre commis fin 2001, a-t-on appris auprès de l'association américaine Physicians for Human Rights (PHR).

Le site de Dasht-e-Leili était soupçonné contenir jusqu'à 2000 corps de talibans prisonniers, d'après PHR, qui a découvert ce charnier en 2002, et qui réclame l'aide de l'OTAN pour sécuriser le site.

Ces prisonniers sont morts lors de leur transfert après leur reddition en novembre 2001, d'après un rapport du secrétariat d'État disponible sur le site internet de PHR.

Selon le groupe basé à Boston, «un de nos experts a observé en juillet que deux trous avaient été creusés, très larges et d'au moins trois mètres de profondeur, avec de l'équipement professionnel», a dit sa directrice adjointe, Susannah Sirkin.

Selon des témoignages cités par le secrétariat d'État, les troupes de l'Alliance du Nord, soutenues par les Américains, avaient chargé ces détenus dans des conteneurs pour les transférer vers la prison de Shebergan. Mais ces derniers sont morts étouffés pendant le trajet, et ont été enterrés au bulldozer.