Le Pentagone était au courant des dangers posés par les bombes artisanales au bord des routes avant même le début de la guerre en Irak en 2003, mais a négligé de développer rapidement des véhicules propres à protéger les troupes américaines, selon un audit publié mardi.

«Le département de la Défense était conscient de la menace représentée par les engins explosifs artisanaux (Improvised explosives devices, IED, ndr) dans les conflits de faible intensité (...) avant le début de l'insurrection en Irak en 2003», souligne un rapport de l'Inspecteur général du Pentagone.

«Malgré tout, le département n'a pas requis, financé ou acquis de véhicules blindés résistants aux mines artisanales», selon cet audit.

«En conséquence, le Pentagone a lancé les opérations en Irak sans avoir pris les mesures nécessaires pour acquérir la technologie propre à réduire ce risque connu pour les soldats et les Marines», conclut le rapport.

Les engins explosifs de fabrication artisanale (IED) sont la première cause de mortalité des troupes américaines en Irak.

Malgré les demandes des commandants sur le terrain en février 2005, le corps des Marines avait décidé de procéder au blindage de ses Humvees et non de commander les nouveaux véhicules de nouvelle génération et résistants aux mines (MRAP, Mine Resistant Ambush Protected).

Le secrétaire à la Défense Robert Gates, arrivé fin 2006, a finalement fait de l'acquisition de ces MRAP une priorité en 2007, pour remplacer les Humvees.

Leur coque en V et leur blindage renforcé, qui dévient les explosions vers l'extérieur, sont censés mieux protéger les soldats.

«22 milliards de dollars et 18 mois plus tard, quelque 12 000 MRAP sont déployés sur le théâtre des opérations. Et je pense que nous sommes en bonne voie d'en acheter plus de 16 000» au total, a réagi le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell, lors d'une conférence de presse.

M. Morrell a défendu l'action globale menée par le Pentagone, en assurant que les équipements avaient progressivement été adaptés à la menace, au fur et à mesure que les bombes de fabrication artisanale devenaient plus sophistiquées.

«L'avons-nous fait de la manière la plus efficace et rapide souhaitée? Certes non. Mais suggérer qu'il y a eu négligence ou que les gens avaient les bras croisés, ignorant la demande urgente des commandants sur le terrain, n'est tout simplement pas exact», a-t-il conclu.