Les Européens ont décidé lundi d'intensifier leurs relations avec Israël, en insistant sur le renforcement en parallèle de son dialogue avec les Palestiniens et les pays arabes pour ne pas nuire à l'«équilibre» du processus de paix au Proche-Orient.

Les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont décidé de multiplier les contacts de haut niveau avec Israël, dans le cadre d'un accord UE-Israël qui devrait être adopté en avril 2009, selon une déclaration qu'ils ont adoptée lundi à l'issue d'une réunion à Bruxelles.Un premier sommet UE-Israël pourrait ainsi se tenir dans les prochains mois, peut-être dès le premier semestre 2009 sous présidence tchèque de l'UE, a indiqué à quelques journalistes le chef de la diplomatie tchèque, Karel Schwarzenberg.

Cette coopération renforcée - à laquelle les pays de l'UE avaient donné leur accord de principe en juin - prévoirait trois réunions annuelles UE-Israël au niveau des ministres des Affaires étrangères, et la possibilité pour chaque présidence tournante de l'UE d'inviter un responsable de la diplomatie israélienne à une réunion des ambassadeurs de l'UE chargés des questions de sécurité.

L'UE se dit prête aussi à envisager «la possibilité d'inviter Israël à participer aux missions civiles» menées dans le cadre de sa politique de défense et de sécurité, «au cas par cas et lorsque l'intérêt commun s'y prêtera», et à avoir avec Israël, «au moins une fois par an», un dialogue informel sur les questions stratégiques.

Mais alors que certains Etats membres sont «plus critiques envers Israël» que d'autres, selon M. Schwarzenberg, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a souligné qu'il ne fallait voir «aucune signification politique» dans ce renforcement.

«Nous avons dit également dans le document (adopté lundi) que le +réhaussement+ des relations avec la Palestine allait suivre», a-t-il déclaré à quelques journalistes. «Seulement, c'est un peu plus difficile avec les Palestiniens, il n'y a pas d'Etat, ce sera plus compliqué», a-t-il ajouté.

«Il faut forcément tenir compte d'un certain équilibre» dans les relations entre l'UE et Israël d'une part, et l'UE et les pays arabes d'autre part, a aussi expliqué une porte-parole française.

Témoin de ce souci d'«équilibre», les pays de l'UE ont aussi salué lundi le renforcement récent de leurs relations avec le Maroc, «les perspectives de renforcement» avec la Tunisie et la Jordanie, le lancement de négociations avec la Libye sur un accord cadre, ou la demande de l'Egypte de renforcer ses relations avec l'UE.

L'UE a aussi «condamné» les tirs de roquettes effectués depuis Gaza contre la population civile israélienne et appelé à la libération du soldat israélien Gilad Shalit, tout en appelant Israël à «mettre fin à la poursuite de la colonisation», à «lever les entraves à la circulation vers les Territoires palestiniens» en rouvrant notamment les points de passage entre Gaza et Israël.

M. Kouchner a néanmoins reconnu que le processus de paix resterait vraisemblablement «bloqué au moins jusqu'à la fin du mois de janvier», lorsque la nouvelle administration américaine de Barack Obama prendre ses fonctions.