Environ 250 talibans ont attaqué dimanche deux dépôts de l'OTAN au Pakistan, tuant un gardien et incendiant plus de 200 camions et d'autres véhicules devant approvisionner les milliers de soldats de l'Alliance en Afghanistan, une attaque très bien préparée, selon la police.

Quelque 250 insurgés lourdement armés, présentés comme étant des talibans, ont encerclé deux importants terminaux de l'OTAN près de Peshawar, dans le nord-ouest du pays, et ont désarmé une dizaine de gardiens avant d'asperger 89 camions d'essence et d'y mettre le feu, selon la police. Un gardien a été tué dans cette attaque audacieuse qui a aussi détruit deux véhicules blindés, deux camions anti-incendie, des conteneurs de munition et 89 jeeps destinées aux troupes internationales en Afghanistan.

La police a jugé très grave cette attaque. «C'est la première fois que les militants viennent en aussi grand nombre», a expliqué à l'AFP Abdul Qadir Qamar, un haut responsable de la police, en estimant que c'était une «attaque coordonnée et bien planifiée».

Toutefois depuis Kaboul, le colonel Greg Julian, porte-parole des forces américaines en Afghanistan, en a minimisé la portée. «Nous avons de multiples voies pour assurer que nos troupes aient ce dont elles ont besoin», a-t-il souligné. Selon lui, l'attaque de dimanche «est le résultat de la pression accrue sur les insurgés venant des deux côtés de la frontière» qui ont «subi de lourdes pertes».

Les insurgés, qui avaient volé l'essence dans une station-service voisine, se sont enfuis avant l'arrivée de la police, selon M. Qamar.

Selon un responsable de la sécurité, ils ont frappé alors que la police était très occupée par une enquête sur l'explosion d'une voiture piégée sur un marché de Peshawar vendredi qui a fait 27 morts.

«En outre, c'est le week-end et la sécurité était un peu relâchée à cause des congés liés à la fête (musulmane) de l'Aïd el-Kébir qui a lieu mardi au Pakistan.

Les camions étaient remplis de matériel et provisions devant être acheminés jusqu'aux soldats de l'OTAN en Afghanistan.

Il y a moins d'une semaine, des talibans avaient mis le feu à Peshawar à une dizaine de poids lourds contenant des équipements destinés aux troupes de l'OTAN en Afghanistan, et avaient tué deux personnes.

Selon l'officier de police, Qamar, après cette attaque, le nombre de gardiens avait été fortement accru autour des entrepôts de Peshawar mais ils ont été submergés par un nombre bien plus grand d'assaillants.

«Nous préparons une nouvelle stratégie pour empêcher de tels incidents», a souligné M. Qamar.

À la mi-novembre, après une attaque des talibans, le Pakistan avait interrompu pendant une semaine la traversée de la passe de Khyber, proche de Peshawar, par les convois transportant du matériel, notamment du carburant, destiné aux 53 000 soldats de l'Isaf, la coalition de l'OTAN, en Afghanistan.

La passe de Khyber, qui mène à l'Afghanistan, constitue une ligne d'approvisionnement stratégique pour les forces de l'OTAN.

Un convoi de 15 camions avait été bloqué et pillé par un groupe de talibans dans cette passe montagneuse dont le versant pakistanais est situé dans les zones tribales du nord-ouest du pays.

Ces districts sont devenus un repaire pour des groupes de talibans et combattants du réseau islamiste Al-Qaeda qui ont fui l'Afghanistan après le renversement du régime taliban par les Américains en novembre 2001.

Le commandant en chef de l'armée pakistanaise, le général Ashfaq Kayani, reçu par ses homologues de l'OTAN à Bruxelles, s'est engagé le 19 novembre à protéger l'approvisionnement des troupes internationales en Afghanistan.

Le porte-parole des forces américaines à Kaboul a souligné qu'«à côté des deux principales routes entre Quetta et Kandahar et entre Peshawar et Jalalabad, il y a d'autres voies (d'accès à l'Afghanistan) depuis le Nord». Le colonel Julian a souhaité que «l'armée pakistanaise renforce la sécurité sur les routes».