La police israélienne a évacué manu militari jeudi des colons retranchés dans une maison disputée à Hébron, au terme d'une épreuve de force illustrant le refus du camp ultranationaliste de tout démantèlement de colonies en Cisjordanie occupée.

Les forces de l'ordre ont évacué en une heure quelque 250 colons retranchés dans la maison, devenue un symbole de leur détermination à ce que le précédent du retrait de la bande de Gaza de 2005 ne se reproduise plus.

Une centaine de policiers et gardes-frontières d'une unité d'élite antiterroriste ont pénétré dans le bâtiment, baptisé «Maison de la discorde» par la presse israélienne, traînant vers l'extérieur un par un les colons, en grande majorité des jeunes.

Les policiers, qui ont pris les occupants par surprise, ont utilisé grenades lacrymogènes, grenades fumigènes et grenades à souffle pour neutraliser les colons qui lançaient des pierres. Ils ont ensuite soudé le portes du bâtiment.

Les heurts ont fait une vingtaine de blessés légers parmi les forces de l'ordre et les manifestants.

Des colons en colère se sont livrés ensuite à une série d'actes de vandalisme à l'encontre de Palestiniens à Hébron, détruisant des oliveraies, jetant des pierres, tirant en direction de maisons, faisant trois blessés par balles et incendiant deux maisons au moins, selon des témoins.

Ils ont également mis le feu à une quinzaine de voitures palestiniennes, selon des témoins.

Des soldats israéliens ont en outre roué de coups un photographe de presse palestinien à la suite d'une altercation qu'il a eue avec un colon, selon la même source. Le photographe a été hospitalisé.

A l'entrée de Jérusalem, des centaines de jeunes ont manifesté contre l'évacuation, bloquant la route de Tel-Aviv, créant un immense embouteillage et traitant les policiers de «nazis» alors qu'ils dégageaient la voie.

Ailleurs, en Cisjordanie, des colons ont jeté des pierres sur des voitures palestiniennes dans le secteur de Jéricho, à l'est de Jérusalem et profané une mosquée dans le nord-ouest, taguant des inscriptions injurieuses envers l'islam, selon des témoins.

Suite à ces incidents, l'armée a interdit aux Israéliens non résidents de se rendre dans le sud de la Cisjordanie, pour éviter l'arrivée d'activistes ultranationalistes.

Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak avait auparavant prévenu que les colons juifs seraient expulsés du bâtiment, après une rencontre avec des responsables des colons destinée à stopper l'escalade des violences.

«Nous n'allons pas autoriser des éléments radicaux à saper les fondements et l'autorité de l'État. Les résidents de la maison doivent l'évacuer, en application des ordres des institutions de l'État et de la Cour suprême» qui avait ordonné l'évacuation de la maison, avait affirmé M. Barak.

Des représentants des colons ont accusé M. Barak d'avoir «choisi la confrontation» et d'avoir usé d'une «brutalité rare» pour des motifs électoralistes, au lieu de régler l'affaire sans violence.

«Ce qui est en jeu, c'est si Israël est un État de droit ou un État où des milices privées font la loi» a répliqué Mark Regev, le porte-parole du premier ministre Ehud Olmert, dans un communiqué.

Des centaines d'ultranationalistes israéliens se sont mobilisés à Hébron contre l'ordre d'expulsion de la maison revendiquée par des Palestiniens.

Celle-ci est située sur la route menant de l'implantation de Kyriat Arba, adjacente à Hébron, au Caveau des Patriarches, lieu de pèlerinage commun aux juifs et aux musulmans.

La presse a vivement reproché aux autorités leur inaction face aux ultranationalistes, de plus en plus isolés à cause de leurs exactions.

Pour le quotidien Haaretz, les colons ont longtemps «agi de manière indisciplinée avec le seul objectif de menacer par la violence les Palestiniens, tout en mettant en danger la souveraineté d'Israël».