Le gouverneur de la province de Kandahar, un bastion des talibans dans le sud de l'Afghanistan, a annoncé jeudi qu'il avait été démis de ses fonctions par le président Hamid Karzaï, moins de quatre mois après sa nomination.

«J'ai été démis de mes fonctions de gouverneur de Kandahar, sur ordre direct du président», a déclaré à l'AFP Rahmatullah Raufi, un ancien général de l'armée, âgé de 48 ans.

Un porte-parole de la présidence, Siamak Hirawi, n'a cependant pas pu confirmer cette information. Le président Karzaï a quitté jeudi Kaboul pour une visite en Turquie.

Rahmatullah Raufi a directement mis en cause Ahmad Wali Karzaï, frère du président, à la tête du conseil de la province de Kandahar.

«Ahmad Wali Karzaï n'a cessé d'interférer dans les affaires de la province et comme je me suis opposé à lui, j'ai été viré», a assuré Rahmatullah Raufi, qui affirme avoir été prévenu par un coup de téléphone de Ghulam Jailani Popal, en charge de la gouvernance locale et à ce titre des nominations des gouverneurs.

«Popal m'a dit que je n'étais plus le gouverneur de Kandahar», a expliqué Rahmatullah Raufi.

La plus importante ville du sud du pays, Kandahar est le berceau du mouvement des talibans et l'un de leurs bastions. C'est aussi une place-forte du président Hamid Karzaï.

Rahmatullah Raufi n'avait été nommé gouverneur de Kandahar, que quatre mois plus tôt, le 16 août gouverneur de Kandahar, en remplacement de Asadullah Khalid, à la personnalité très controversée.

En avril, le ministre canadien des Affaires étrangères, Maxime Bernier, avait provoqué une vive controverse en suggérant dans la presse canadienne que Asadullah Khalid devait être remplacé dans le cadre de la lutte anticorruption.

Le Canada a déployé plus de 2000 soldats dans la province de Kandahar, où les combats entre forces de sécurité afghanes et internationales d'une part et talibans d'autre part sont particulièrement violents.

Les talibans ont lancé une insurrection meurtrière depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir à la fin 2001 par une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis.

Les violences ont redoublé d'intensité depuis deux ans malgré la présence de près de 70.000 soldats de deux forces multinationales, l'une de l'Otan, l'autre sous commandement américain (Operation Enduring Freedom).