Le président américain George W. Bush a salué jeudi le vote parlementaire crucial en Irak de l'accord de sécurité prévoyant le retrait américain d'ici fin 2011, mais il reviendra à son successeur Barack Obama le soin de superviser la fin de la guerre.

«Le vote d'aujourd'hui (par le Parlement irakien) démontre la progression de la démocratie en Irak et sa capacité croissante d'auto-défense», a salué le président dans un communiqué, en souhaitant une «approbation rapide par le Conseil présidentiel irakien», qui doit encore ratifier l'accord.

Cet accord de sécurité, qui se substituera au mandat de l'ONU réglant la présence américaine et expirant fin 2008, a été adopté à une large majorité par le Parlement irakien, qui a également approuvé un accord-cadre stratégique à long terme entre Washington et Bagdad.

Ces deux textes «serviront les intérêts partagés et durables de nos deux pays et de la région», souligne M. Bush.

Le feu vert des représentants irakiens clôt le chapitre au terme d'âpres discussions entre Bagdad et Washington pendant de longs mois, et de négociations à l'arraché entre les principaux groupes parlementaires chiite, sunnite et kurde.

Après avoir ordonné il y a plus de cinq ans l'invasion de l'Irak, M. Bush peut désormais se targuer de quitter la Maison Blanche fort d'une date fixant à dans trois ans la fin d'une guerre que deux Américains sur trois continuent de désapprouver, bien que le président sortant se soit longtemps opposé à l'établissement d'un calendrier précis.

Mais il reviendra au président élu Barack Obama, opposé au déclenchement de la guerre en Irak, de superviser ce retrait et d'en fixer les modalités.

Le texte prévoit notamment que «toutes les forces américaines», actuellement au nombre de 146 000 et répartis sur plus de 30 bases à travers le pays, «devront avoir quitté le territoire irakien le 31 décembre 2011 au plus tard». Fin juin 2009 au plus tard, toutes les forces de combat américaines devront s'être retirées des villes, villages et localités d'Irak.

Or, M. Obama a promis pendant la campagne de faire rentrer le gros des soldats en 16 mois, d'ici à l'été 2010, soit plus rapidement que prévu par l'accord entre Washington et Bagdad.

Il devra donc décider de s'en tenir au calendrier négocié, ou d'accélérer le mouvement, alors qu'il a promis d'envoyer des renforts massifs en Afghanistan dès que possible pour y enrayer une insurrection en montée de puissance.

De l'avis de nombre de militaires et d'experts américains, la dernière option constitue toutefois un choix périlleux en matière de sécurité, qui pourrait se dégrader en cas de retrait précipité, et complexe en termes logistiques, alors que des dizaines de milliers de pièces d'équipement doivent être rapatriées.

Le chef d'état-major américain, l'amiral Michael Mullen, a récemment prévenu qu'un retrait en trois ans était «faisable», tout en montrant des réserves quant à un calendrier de 16 mois.

«Nous avons quelque 150.000 hommes en Irak. Nous avons de nombreuses bases. Nous avons énormément d'équipement sur place. Et clairement, nous voudrions (effectuer le retrait) en toute sécurité», a-t-il déclaré.

Mais le futur occupant de la Maison Blanche pourrait bien être obligé de respecter sa promesse de campagne.

Bagdad a en effet décidé de la tenue d'un référendum le 30 juillet prochain pour demander aux Irakiens ce qu'ils pensent de l'accord six mois après son entrée en vigueur.

Cet accord négocié entre l'administration Bush et le gouvernement irakien pourrait ainsi être remis en cause dans quelques mois. Car le texte stipule qu'il peut être dénoncé à tout moment, avec un an de préavis, ce qui renverrait précisément à l'été 2010 si les Irakiens disaient non en juillet 2009.