Neuf personnes ont péri vendredi au sud de Bagdad dans un attentat contre un lieu de prière regroupant des partisans du chef radical chiite Moqtada Sadr, le jour où ce dernier proclamait un deuil national pour protester contre l'accord de sécurité avec les Etats-Unis.

Huit fidèles et une mendiante ont été tués et quinze autres personnes blessées dans un attentat suicide contre un lieu de prière chiite à Moussayeb, à 80 km au sud de Bagdad, selon la police.

Un homme a détoné sa ceinture d'explosifs vers 12H00 (4 h HNE), juste avant le début de la prière, a précisé le lieutenant de police Kazem al-Chamari.

La déflagration a causé d'importants dommages à ce lieu de culte, le plus grand de la ville, qui accueillait 300 fidèles proches du chef radical chiite Moqtada Sadr.

«Quand le kamikaze est entré dans la moquée, les gardes l'ont suivi car il leur semblait suspect, mais arrivé au milieu des fidèles il s'est fait exploser», a indiqué à l'AFP l'officier.

Il s'agit du second attentat en trois ans contre ce lieu de culte. En juillet 2005, 71 personnes avaient été tuées et plus de 156 blessées lorsqu'un kamikaze s'était fait exploser devant un camion citerne transportant du gaz, près de cette mosquée qui avait été sérieusement endommagée.

L'explosion de vendredi a eu lieu quelques heures après l'annonce par Moqtada Sadr de trois jours de deuil dans l'ensemble de l'Irak pour exprimer son refus de l'accord de sécurité avec les Etats-Unis ratifié jeudi par le Parlement de Bagdad.

Selon un communiqué officiel de son bureau dans la ville sainte de Najaf, Moqtada Sadr a appelé ses partisans «à mettre partout des drapeaux noirs, organiser durant trois jours des cérémonies de condoléances dans tout le pays et manifester pacifiquement».

Lors d'une conférence de presse, un proche collaborateur de Moqtada Sadr, Aws al-Khafaji, a ajouté: «Nous persistons dans notre refus de cet accord humiliant et nous allons résister par tous les moyens».

«C'est une conspiration contre les Irakiens. Nous condamnons et rejetons cet accord et le referendum prévu dans six mois est inutile car les responsables de ce pays n'écouteront pas la voix peuple irakien», s'est écrié Hassan al-Husseini, l'imam de la prière de vendredi dans le quartier pauvre de Sadr City, un fief du chef radical.

Le Parlement a voté vendredi en faveur d'un referendum sur l'acord avant la fin juillet 2009.

«Non, non à l'Amérique ! Non, non au Diable !», les fidèles ont manifesté après la prière et ont brûlé, comme ils le font traditionnellement, un drapeau américain.

Jeudi, lors de la lecture du texte de l'accord, les députés sadristes avaient scandé : «Non à l'occupation! Oui à l'Irak», brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Non à l'accord».

En revanche, cheikh Ahmad Mahdi al-Samarrai, l'imam sunnite de la prière de vendredi de Samarra a affiché son soutien à l'accord «car il est dans l'interêt de l'Irak, des Irakiens et de l'Islam».

«Je pense que la récente décision de retirer les troupes américaines dans cette dangereuse période est une erreur. Il y a un ennemi, qui attend en embuscade le retrait des forces américaines pour faire triompher ses ambitions en Irak», a-t-il assuré en allusion à l'Iran.

«J'appelle les soldats américains à ne pas se retirer jusqu'à ce que les forces irakiennes soient capables d'assurer la sécurité et soient plus fortes que l'Iran», a-t-il ajouté.

L'accord prévoit le départ de toutes les forces américaines d'Irak sous trois ans.