Le premier ministre israélien du gouvernement de transition Ehud Olmert, mis en cause dans des affaires de corruption, devrait être formellement inculpé, deux mois après avoir été contraint de démissionner de son poste.

«Le conseiller juridique du gouvernement (procureur général) Menahem Mazouz a informé le premier ministre Ehud Olmert qu'il envisageait d'engager des poursuites pénales contre lui pour divers délits dans le cadre de l'affaire 'Rishon Tours'», a affirmé mercredi le ministère de la Justice dans un communiqué.

M. Mazouz devrait entendre le premier ministre à une date qui n'a pas encore été fixée. Les avocats de M. Olmert ont «catégoriquement» rejeté les soupçons portant sur leur client dans l'affaire de Rishon Tours.

Dans cette affaire, M. Olmert est soupçonné d'avoir financé - à l'époque où il était maire de Jérusalem, puis ministre du Commerce et de l'Industrie - des voyages à l'étranger en présentant séparément des factures à plusieurs organisations de bienfaisance pour un seul et même voyage.

Pour plusieurs trajets, «les vols inscrits sur des factures étaient fictifs, alors que M. Olmert n'a pas voyagé», précise le ministère de la Justice. Par ailleurs, pour d'autres, «le prix inscrit sur des factures était fictif et ne correspondait pas aux prix des tickets émis», ajoute-t-il.

Selon le journal Haaretz, les fraudes, portant sur au moins 12 billets d'avions, s'élèveraient à 110 000 shekels (plus de 28 000 dollars) et auraient servi à financer des billets pour sa famille.

M. Olmert pourrait être inculpé pour fraude, abus de confiance, falsification de documents et évasion fiscale, selon le ministère de la Justice.

Le porte-parole de M. Olmert, Amir Dan, a de son côté assuré que ces accusations allaient «s'effrondrer».

Dans la journée, alors que M. Olmert était dans son avion, de retour d'une visite officielle aux États-Unis, la brigade antifraude israélienne avait entendu son directeur de cabinet, Raanan Dinur, selon les médias israéliens.

Une ancienne secrétaire de M. Olmert, Shula Zaken, qui serait impliquée dans l'affaire des billets d'avions, a également reçu une notification du procureur général pour une prochaine inculpation, selon le ministère de la Justice.

M. Olmert avait démissionné en septembre après diverses mises en cause dans six affaires de corruption, dont celle de Rishon Tours.

Il continue toutefois de diriger un gouvernement de transition jusqu'aux élections législatives anticipées prévues le 10 février.

Le premier ministre a toujours clamé son innocence, affirmant qu'il quitterait ses fonctions s'il devait être inculpé. C'est la ministre des affaires étrangères Tzipi Livni qui devrait le remplacer s'il renonce définitivement au pouvoir avant le scrutin.

Il a été remplacé à la tête de son parti, Kadima, qui est au pouvoir, par Mme Livni.

M. Olmert est également soupçonné d'avoir reçu d'importantes sommes d'argent en liquide d'un homme d'affaires juif américain, Morris Talansky, alors qu'il était maire de Jérusalem (1993-2003), puis ministre de l'Industrie et du Commerce jusqu'en 2006.

Dans une déposition en mai devant le tribunal de district de Jérusalem, Morris Talansky avait affirmé avoir remis, en 15 ans, plus de 100 000 dollars en liquide dans des enveloppes à M. Olmert.

Ehud Olmert est par ailleurs soupçonné d'avoir bénéficié d'une remise de 300 000 dollars lors de l'achat d'un appartement dans un quartier de Jérusalem-ouest auprès d'un entrepreneur.