Les dernières heures de tractations sur l'accord avec les États-Unis concernant la présence militaire américaine en Irak, qui sera soumis jeudi au parlement irakien, ont donné lieu à un coup de théâtre mercredi, Bagdad réclamant un référendum populaire en juillet pour l'avaliser.

Le vote au Parlement sur l'accord, qui doit aboutir à l'évacuation de 150 000 soldats américains d'ici 2011, devait avoir lieu mercredi mais a été repoussé à jeudi pour donner plus de temps aux tractations et permettre que le texte soit adopté par une large majorité.

«Ce n'est pas seulement le Parlement qui doit se prononcer sur cet accord mais le peuple irakien, lors d'un référendum le 30 juillet afin qu'il puisse juger de son bien-fondé six mois après sa mise en application», a annoncé mercredi sur la chaîne Al-Arabiya le conseiller irakien à la Sécurité nationale, Mouaffak al-Roubaïe.

Interrogé par l'AFP, M. Roubaïe a affirmé que le référendum est «une affaire irakienne et les Américains doivent comprendre nos contraintes».

En réaction, la secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, a assuré que l'éventualité de ce référendum «ne retarderait pas» la mise en oeuvre de l'accord conclu avec le gouvernement irakien.

«En aucun cas cela ne pourra retarder la mise en oeuvre du SOFA (accord sur le futur statut des forces américaines en Irak, Status of Forces Agreement) et de l'accord stratégique au 1er janvier», a déclaré la chef de la diplomatie américaine au cours d'un point de presse.

Cet accord SOFA, qui s'accompagne d'un accord stratégique de coopération plus général, doit entrer en vigueur début 2009, à l'expiration de la validité de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU autorisant le déploiement de forces américaines en Irak. Le député chiite Reza Jawad Taki, de l'Alliance Unifiée Irakienne (AUI), le plus grand groupe parlementaire, a affirmé qu'en «cas de rejet par le peuple irakien, le gouvernement devra soit l'annuler, soit le renégocier» avec les États-Unis.

Si le «non» l'emporte lors du référendum de juillet 2009, et que Bagdad décide d'annuler l'accord, l'Irak devra notifier sa décision aux États-Unis, qui auront un an pour faire partir leurs troupes, soit à l'été 2010.

Le référendum était une condition posée par le principal groupe parlementaire sunnite du Front de la Concorde Nationale (39 députés) pour voter l'accord au Parlement.

«Il a été décidé qu'un référendum aura lieu au plus tard le 30 juillet», a dit le chef de ce groupe parlementaire, Iyad al-Samarraï. «Le référendum est important car l'accord est important et le peuple irakien doit avoir son mot à dire», a-t-il ajouté.

Conscients que le président Jalal Talabani, le premier ministre Nouri al-Maliki et le Grand ayatollah Ali Sistani, chef spirituel de la communauté chiite, souhaitaient que le pacte soit adopté par une large majorité, les partis kurdes et sunnites ont fait monter les enchères mercredi.

La journée s'est donc passée en tractation et dans la soirée le président du Parlement, Mahmoud Al-Machhadani, a annoncé à la tribune que «l'atmosphère générale évoluait vers un accord et les dirigeants politiques avaient résolu tous les points en discussion. Il ne reste qu'un seul point à négocier, c'est pourquoi nous repoussons la séance à demain (jeudi) 10h00», a-t-il dit.

Selon le site internet de l'Union Patriotique du Kurdistan, les Kurdes ont demandé l'établissement de nouvelles relations avec Bagdad, ce qui signifie davantage d'autonomie alors que les sunnites veulent participer plus activement à la prise de décision et exigent l'annulation de la loi sur la debaassification.

Si l'accord est voté, sa ratification interviendra après onze mois d'âpres discussions où, pour la première fois depuis cinq ans, les Irakiens ont négocié d'égal à égal avec les Américains.

Cet accord, adopté le 16 novembre par le gouvernement, a fait l'objet de débats houleux lors de son examen au Parlement.