Un soldat français est mort et un autre a été grièvement blessé samedi matin dans l'explosion d'au moins une mine près de Kaboul, en Afghanistan, a-t-on appris auprès de l'état-major des armées.

Les faits se sont produits vers 7h heure française à Darulaman, à une dizaine de kilomètres au sud de la capitale afghane. Cinq militaires français travaillant au sein du même bataillon de l'armée afghane effectuaient une reconnaissance à pied pour préparer un exercice entre leur base et le champ de tir, a expliqué à l'Associated Press le capitaine de vaisseau Christophe Prazuck, porte-parole de l'état-major français des armées.

L'un des soldats est mort, un autre a été grièvement blessé aux jambes et transporté à l'hôpital militaire français de Kaboul, a ajouté Christophe Prazuck, en faisant état de l'explosion d'«une ou deux mines». Les deux hommes appartenaient au 3e régiment du génie de Charleville-Mézières (Ardennes). Les trois autres militaires sont «indemnes».

Le porte-parole de l'état-major des armées a souligné qu'il s'agissait du 25e militaire français à mourir en Afghanistan depuis le début de l'intervention des forces françaises dans le pays.

D'après Christophe Prazuck, une «équipe spécialisée dans l'analyse des pièges présente à Kaboul s'est rendue sur place» à la suite du drame. «Ce qu'on sait, c'est que ça s'est passé dans un endroit où il y a beaucoup de monde qui s'entraîne, où il y a beaucoup de mouvement», a-t-il dit. «Il faut s'approcher de cette zone avec beaucoup de circonspection. Je pense qu'on en saura plus dans les prochains jours».

D'après lui, quelque «300 soldats français sont insérés dans l'armée afghane».

Le président Nicolas Sarkozy a fait part de sa «grande émotion», évoquant un «piège meurtrier par engin explosif tendu» à des militaires français «ce matin, dans la région de Kaboul». «Un adjudant vient de payer de sa vie l'engagement de la France au service de la paix et la sécurité du peuple afghan, tandis qu'un deuxième a été grièvement blessé», a souligné l'Elysée dans un communiqué.

S'associant à la «douleur» de leurs familles, le président de la République a exprimé «ses condoléances attristées à l'épouse de l'adjudant tué, à leurs deux jeunes garçons, ainsi qu'à tous ses compagnons d'armes du 3e Régiment du Génie de Charleville-Mézières».

Le premier ministre François Fillon a lui aussi exprimé sa «grande émotion», observant que les forces armées payaient «une nouvelle fois un lourd tribut à l'engagement de la France en faveur de la paix en Afghanistan». «Le courage de nos soldats et leur professionnalisme méritent la reconnaissance de la Nation», a-t-il dit, dans un communiqué, en s'associant à la «douleur» des familles touchées par ce drame.

Le ministre de la Défense Hervé Morin a pour sa part dit sa «grande peine» et sa «reconnaissance» à l'égard du «sous-officier français qui a donné sa vie dans l'accomplissement de sa mission» suite à «l'explosion d'un engin explosif au sud de Kaboul». Il a par ailleurs adressé ses «voeux de prompt rétablissement» au sous-officier blessé, «dont les jours ne sont pas en danger».

Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s'est également exprimé sur sa «grande émotion» et a réaffirmé la mission de la France «pour la sécurité, la stabilité et la liberté de l'Afghanistan». Il a ajouté: «Les lâches pratiques des ennemis de la paix en Afghanistan ne changeront en rien notre détermination à lutter contre le terrorisme et la barbarie,» dans un communiqué diffusé tôt dimanche matin.

Pour le Parti communiste, ce nouveau drame soulève «une fois encore des questions essentielles sur la légitimité de la guerre en Afghanistan» et «sur l'exigence de retrait de l'ensemble des troupes engagées sous drapeau de l'OTAN dans ce pays».

Il estime dans un communiqué qu'une «remise à plat urgente s'impose au sein des Nations unies, de la politique et des moyens nécessaires pour permettre un retour à la sécurité, à la souveraineté» et ce, «dans un véritable processus de reconstruction au service du peuple afghan, et dans un règlement négocié» avec les pays voisins, dont Pakistan.