L'ONU a repris mardi la distribution des aides humanitaires à Gaza après avoir été autorisée par Israël à acheminer des provisions en dérogation à un strict blocus imposé au territoire palestinien.

La distribution se fait à partir des petites quantités que nous avons pu acheminer lundi. Les provisions dureront des jours et non pas des semaines», a indiqué à l'AFP Chris Gunness, porte-parole de l'Unrwa, l'Agence de secours de l'ONU pour les réfugiés palestiniens.

Israël a autorisé exceptionnellement le passage de 33 camions transportant de la nourriture, des médicaments et des équipements médicaux vers Gaza, entièrement bouclée depuis deux semaines en raison d'un regain de violence.

Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a décidé de maintenir encore fermés mercredi, pour la 15e journée consécutive, ces passages en raison de la poursuite des tirs de roquettes à partir de la bande de Gaza sur le sud d'Israël, a indiqué un responsable du ministère.

L'Unrwa distribue en temps normal des aides alimentaires à quelque 750 000 personnes, soit la moitié de la population de la bande de Gaza.

Selon M. Gunness, des quantités de lait en poudre d'une valeur de plusieurs milliers de dollars ont été gaspillées lors de l'inspection des marchandises par les autorités israéliennes.

«Les paquets ont été lacérés. Le lait s'est répandu et a été gaspillé», a-t-il dit. «Les bébés ne doivent pas être punis en étant privés de lait. Que je sache, les bébés ne tirent pas des roquettes et le lait pour bébé n'est pas utilisé comme poudre pour les roquettes».

Dès l'ouverture des centres de distribution de l'Unrwa à Gaza, des centaines de Palestiniens s'y sont rués pour se procurer farine, sucre, riz, huile, lait en poudre ou encore de la viande en conserve.

Dans le camp de réfugiés de Chatti, ils ont fait la queue dans une certaine cohue pour obtenir le précieux «coupon» au guichet avant de recueillir l'aide.

«Nous n'avons pas les moyens d'acheter de quoi nous nourrir. L'aide de l'ONU nous suffit à peine dix jours mais c'est mieux que rien», confie Oum Saïd, qui, avec son mari, doit subvenir aux besoins de 15 enfants et petits-enfants.

«Notre situation est insupportable. On doit vivre sans essence, sans gaz, sans eau et sans électricité et pendant ce temps les factions palestiniennes s'entretuent et Israël fait ce qui lui plait», déplore cette sexagénaire.

Sa voisine dans la file, Oum Jihad, 55 ans, opine. «Nous sommes en train de mourir et les factions palestiniennes se battent pour le pouvoir au lieu de nourrir un peuple réduit à dépendre des aides».

A Genève, le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a appelé Israël à lever son blocus, estimant qu'il prive la population de Gaza de ses «droits humains les plus élémentaires».

La mission d'Israël auprès de l'ONU à Genève a estimé que ces déclarations témoignaient d'une «totale myopie» dans la mesure où ils ne tenaient pas compte des tirs de roquettes «sur les civils (israéliens), attaques qui violent le plus fondamental des droits, le droit à la vie».

Une flambée de violences a sérieusement ébranlé une trêve en vigueur depuis cinq mois dans et autour de Gaza, conclue par l'entremise de l'Egypte entre Israël et le mouvement islamiste Hamas qui contrôle le territoire palestinien.

Ces violences, qui ont coûté la vie à 15 activistes palestiniens depuis le 4 novembre, semblaient refluer, en dépit d'une incursion israélienne limitée dans Gaza. Le Hamas a affirmé avoir tiré une roquette sur les blindés israéliens mais l'armée n'a pas déploré de victime.

En fin de journée, des activistes palestiniens à Gaza ont tiré trois autres roquettes qui ont explosé dans le sud d'Israël sans faire ni victime ni dégât, selon l'armée.