La distribution d'aide alimentaire à la population de la bande de Gaza a cessé vendredi en raison du renforcement du blocus israélien sur fond de violences qui menacent de porter le coup de grâce à une fragile trêve.

«Nous n'avons plus de denrées. Nos entrepôts sont vides», a déclaré à l'AFP Chris Gunness, porte-parole de l'Unrwa, l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés de Palestine.

«Cela signifie que des enfants, des mères de famille et des personnes âgées parmi les plus vulnérables et les plus défavorisés au Proche-Orient ne recevront plus l'assistance de l'ONU», a-t-il ajouté.

L'Unrwa, qui distribue des aides alimentaires à quelque 750 000 personnes, soit la moitié de la population de la bande de Gaza, ne reçoit plus de provisions depuis quelques jours en raison du renforcement du bouclage imposé pour mettre fin aux tirs de roquettes palestiniennes.

La fermeture des points de passage, maintenue vendredi, a aussi entraîné une pénurie de carburants qui a conduit à des coupures de courant après l'arrêt de l'unique centrale électrique de Gaza, qui produit environ 30% de ses besoins en électricité. Le reste est fourni par les réseaux israélien et égyptien.

En dépit de ces pressions, les violences se sont poursuivies, fragilisant davantage une trêve en vigueur depuis le 19 juin entre le mouvement islamiste Hamas qui contrôle la bande de Gaza et Israël.

Deux activistes du Jihad islamique ont été blessés dans un raid aérien israélien dans le nord de la bande de Gaza, selon les services d'urgence.

Selon l'armée israélienne, l'attaque a visé «un groupe de terroristes qui s'apprêtaient à tirer des roquettes contre le sud d'Israël».

Israël a justifié le maintien du blocus hermétique par de nouveaux tirs de roquettes à partir de Gaza ces dernières heures.

Ces tirs constituent «une violation flagrante et fondamentale» de la trêve, a déclaré le chef du gouvernement de transition, Ehud Olmert, au cours d'une réunion d'urgence avec le ministre de la Défense Ehud Barak et de hauts responsables militaires, selon un communiqué de son bureau.

«Israël n'a pas l'intention de tolérer ces incidents», a prévenu M. Olmert. Le texte précise que les dirigeants israéliens ont décidé de maintenir la pression sur le Hamas en renforcent le blocus sur Gaza.

Vendredi, cinq roquettes ont explosé en Israël, dont deux à Sdérot où une femme de 80 ans a été légèrement blessée, et une sur une zone non habitée à Ashkelon, selon la police israélienne.

Le Hamas a revendiqué les tirs de huit roquettes en direction de Sdérot. Il a affirmé avoir tiré sur Ashkelon «cinq roquettes de type Grad» de conception soviétique.

Israël impose le blocus à la bande de Gaza depuis que le Hamas y a pris le pouvoir par la force mi-2007 aux dépens du Fatah du président Mahmoud Abbas.

Cette mesure était censée être allégée avec la trêve et Israël avait autorisé le passage des marchandises.

Mais l'Etat hébreu a bouclé le territoire après les tirs de roquettes des derniers jours et relancé des opérations militaires ayant coûté la vie à 11 activistes palestiniens depuis le 4 novembre.

«Israël souhaite que la trêve jusqu'à récemment en vigueur soit à nouveau observée, mais le Hamas veut exactement le contraire, l'escalade de la violence», a déclaré Mark Regev, porte-parole d'Ehud Olmert.

Il a accusé le Hamas de «poursuivre les attaques contre la population civile du sud d'Israël».

«Nos roquettes sont un message signifiant que nous riposterons à toute violation (israélienne) et que nous restons attachés à notre droit à la résistance», a rétorqué un chef du Hamas, Khalil Al-Hayya, à Gaza.

A Bruxelles, la présidence française a dit «déplorer» la décision israélienne, et a appelé «instamment à la réouverture des points de passage et à la reprise immédiate des livraisons de fioul et de produits humanitaires».