L'Iran a dit avoir testé mercredi un missile sol-sol de «nouvelle génération» d'une portée proche de 2.000 km, mais sans apporter de détails sur ses progrès réels en la matière

Le Sejil a «deux étages avec deux moteurs, utilise du combustible solide combiné et possède des capacités extraordinaires et très grandes», a déclaré le ministre de la Défense Mostapha Mohammad Najar, sur la télévision d'Etat.

La télévision d'Etat a diffusé des images du lancement d'un missile qui semble constitué de deux étages sous la coiffe.

Mise a part une séparation visible à mi-corps, il ressemble fortement au missile Shahab-3, qui a une portée annoncée de 2000 kilomètres, suffisante pour atteindre Israël.

Le ministre a indiqué que le Sejil avait une portée de «près de 2.000 km» et une «très grande précision» lui permettant de frapper «la tête de l'ennemi voulant agresser la République islamique».

L'Iran est coutumier d'annonces fracassantes sur ses capacités militaires.

Elles fournissent généralement l'occasion aux Etats-Unis et à Israël de dénoncer le danger que représenterait la République islamique dans ce domaine.

Mais ces annonces sont aussi régulièrement accueillies avec un grand scepticisme par les experts militaires étrangers.

Les Occidentaux craignent que le programme balistique de l'Iran puisse lui permettre de disposer de missiles équipés de têtes nucléaires, si Téhéran arrivait à se doter de l'arme atomique.

Le Shahab-3, dérivé du missile nord-coréen No-Dong, est à l'origine un engin propulsé par du combustible liquide.

L'Iran a annoncé dès 2005 avoir testé avec succès un combustible solide pour son missile, qui lui procurerait une facilité et une rapidité d'utilisation plus grandes qu'un combustible liquide.

Mais cette annonce n'a jamais été confirmée de source indépendante et plusieurs experts occidentaux ont mis en doute sa véracité.

Notamment parce que la propulsion de missiles à moyenne ou longue portée nécessite, si elle ne s'effectue pas avec un combustible liquide, la maîtrise de la production de combustible «composite», particulièrement difficile à fabriquer.

M. Najar a mentionné simplement l'utilisation pour le Sejil d'un combustible «combiné», sans autres précisions.

Le ministre de la Défense a insisté sur le fait que «la très grande vitesse avec laquelle il peut être déployé et lancé font partie des caractéristiques de ce missile».

De même, le camion le transportant peut être rapidement sorti de la zone pour éviter d'être détruit par une contre-frappe.

Sejil est un terme coranique se référant aux cailloux lancés par des oiseaux envoyés par Dieu pour vaincre une armée d'éléphants avec lesquels le roi du Yémen voulait détruire la Mecque il y a quatorze siècles.

M. Najar a affirmé que le «programme balistique de l'Iran s'inscrit dans le cadre de la doctrine de dissuasion de la République islamique et (...) ce missile ne sera utilisé contre aucun pays».

Mais ces assurances ont peu de chance de convaincre aussi bien Israël que les Etats-Unis.

L'Etat hébreu, en particulier, craint pour sa sécurité en raison du programme nucléaire iranien qu'il soupçonne de visées militaires.

L'Iran, qui fait l'objet de sanctions du Conseil de sécurité à cause de son refus de suspendre son enrichissement d'uranium, a toujours démenti chercher à obtenir la bombe atomique.

Quant aux Etats-Unis, ils ont argué du risque que représentent selon eux, les programmes balistique et nucléaire iraniens, pour justifier l'installation en Europe d'une partie de leur bouclier antimissile.