Les talibans ont mené jeudi matin une audacieuse attaque contre le ministère afghan de l'Information et la Culture, en plein centre de Kaboul, associant fusillade et attentat suicide, qui a fait au moins cinq morts.

Un porte-parole des talibans a revendiqué cette attaque, nouvel épisode d'une série de violences qui se multiplient dans la capitale afghane depuis près d'un an.

A 10H30 locales (06H00 GMT), un commando de talibans a attaqué l'entrée du ministère, ouvrant le feu contre les gardes avant qu'un kamikaze ne s'infiltre à l'intérieur du bâtiment, où il s'est fait exploser à proximité du bureau du ministre, qui ne se trouvait pas sur place.

«Trois personnes, dont un policier, ont été tuées sur le coup. Deux autres qui étaient grièvement blessées sont mortes à l'hôpital», a déclaré à l'AFP le chef adjoint de la police de Kaboul, Alishah Ahmadzai.

Une femme figure parmi les cinq morts, et six personnes ont été blessées, a-t-il précisé.

«Le policier a été abattu alors qu'il voulait fouiller le kamikaze à l'entrée du bâtiment. Celui-ci a ensuite pénétré dans la salle de conférence où il s'est fait exploser. Le mur nord du ministère a été détruit», a ajouté le responsable policier.

Le porte-parole du ministère de l'Information, Hameed Nasiri Wardak, a affirmé que le ministre «était la cible» de l'attentat. «Les bureaux du ministre ont été endommagés. Le ministre et ses conseillers ne se trouvaient pas dans les locaux, ils étaient au musée national», a-t-il précisé.

Le ministre de l'Information, Abdul Karim Khoram, ancien lieutenant du chef de guerre Gulbuddin Hekmatyar (aujourd'hui engagé dans l'insurrection), avait été blessé dans un attentat suicide à Kandahar (sud) le 17 mai 2007.

Le président afghan Hamid Karzaï, en visite officielle à Istanbul, a vivement condamné l'attentat, qu'il a qualifié d'«acte barbare, inhumain et contraire à l'Islam».

Un témoin, employé du ministère, qui a requis l'anonymat, a décrit à l'AFP l'assaut du commando: «Il y avait trois assaillants, armés de kalachnikov, ils ont ouvert le feu sur les gardes à l'entrée. Puis le kamikaze est entré et s'est fait exploser dans la salle de conférence».

Ce témoin a précisé qu'une école maternelle se trouve derrière la salle de conférence, dont elle n'est séparée que par un mur peu épais. «On nous a dit qu'au moins sept enfants ont été blessés», a-t-il déclaré.

L'explosion a dévasté le parking du ministère et fait voler en éclats les fenêtres, a constaté un journaliste de l'AFP, qui a vu un homme arrêté par la police.

«Trois moudjahidine ont attaqué le ministère de la Culture. L'un d'eux s'est fait exploser à l'intérieur. Les deux autres ont pu s'enfuir. Cet attentat visait des experts étrangers», a de son côté affirmé un porte-parole des talibans, Zabihullah Mujhahid.

Par ailleurs, quatre policiers afghans ont été tués jeudi dans l'explosion d'une bombe commandée à distance au passage de leur véhicule dans la province de Kandahar (sud), berceau des talibans et l'un de leurs bastions, a-t-on appris de source policière.

L'Afghanistan est en proie à une insurrection meurtrière depuis le renversement du régime des talibans, chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis.

Celle-ci se cantonnait à l'origine au sud et à l'est du pays, mais depuis un an, les rebelles islamistes ont multiplié les attentats dans Kaboul, pourtant placée sous haute surveillance.

Les enlèvements et attaques visant les étrangers se multiplient depuis plusieurs mois dans la capitale, où trois expatriés ont été assassinés en moins d'une semaine en octobre.

Les violences ont redoublé d'intensité en Afghanistan malgré la présence de 70.000 soldats de deux forces multinationales, l'une de l'Otan, l'autre sous commandement américain (Operation Enduring Freedom).