La Syrie a annoncé une attaque de soldats américains débarqués d'hélicoptères venant d'Irak contre un bâtiment dans un village syrien frontalier, qui a fait huit morts, une escalade qualifiée de «dangereuse» par Damas.

Les autorités syriennes ont convoqué les chargés d'affaires américain et irakien et demandé à Bagdad d'interdire l'utilisation du territoire irakien pour lancer «des agressions contre la Syrie», ont rapporté les médias officiels syriens.

A Washington, un porte-parole du Pentagone, contacté par l'AFP, a indiqué qu'il n'y avait «pas de réponse» officielle aux informations sur cette opération qui serait la première du genre lancée par les Etats-Unis en territoire syrien. Et à Bagdad, l'armée américaine a dit «enquêter».

Selon la télévision d'Etat syrienne et l'agence de presse Sana, «quatre hélicoptères américains ont violé l'espace aérien syrien vers 16h45 locales dimanche. Ils ont pénétré à 8 km de profondeur en territoire syrien».

«Des soldats américains (débarqués des hélicoptères) ont pris d'assaut un immeuble civil en construction et tiré à l'intérieur du bâtiment, faisant huit morts» dans le village d'Al-Soukkariya, dans la région d'Abou Kamal, à environ 550 km au nord-est de Damas, à proximité de la frontière irakienne, selon les médias officiels.

Les huit morts sont un père et ses quatre enfants ainsi qu'un couple et un autre homme, selon Sana qui cite leurs noms. Une personne a été blessée.

«Les appareils venus d'Irak ont ensuite quitté le territoire syrien en direction du territoire irakien», ajouté la télévision d'Etat.

Auparavant, la télévision privée syrienne Al-Dunia avait fait état de neuf morts civils et de 14 blessés dans cette attaque.

«La Syrie condamne cet acte agressif et en fait assumer aux forces américaines la responsabilité et toutes les conséquences qui en découleront», a indiqué un responsable syrien, cité par Sana.

«La Syrie demande en outre au gouvernement irakien d'assumer ses responsabilités et d'ouvrir immédiatement une enquête à la suite de cette dangereuse violation et d'interdire l'utilisation du territoire irakien pour lancer des agressions contre la Syrie», a ajouté ce responsable non identifié.

Le ministère de la Défense à Bagdad, interrogé par l'AFP, n'a pas souhaité commenter ces informations.

Damas et Washington sont en froid, l'actuelle administration de George W. Bush accusant la Syrie d'être souvent la porte d'entrée pour les «terroristes étrangers» qui veulent combattre au côté du réseau extrémiste Al-Qaïda en Irak.

Mais la violence a considérablement diminué en Irak et les responsables américains disent observer depuis quelques mois de la retenue de la part des Iraniens et des Syriens dans leurs agissements en Irak.

Le 16 octobre, les autorités irakiennes ont annoncé l'arrestation de sept «terroristes» de nationalité syrienne dans la province de Diyala, au nord-est de Bagdad, réputée abriter des membres d'Al-Qaïda et des groupes d'insurgés.

Trois jours plus tôt, le nouvel ambassadeur de Syrie en Irak avait pris ses fonctions à Bagdad. Il s'agit du premier ambassadeur de Syrie à Bagdad depuis près de trois décennies, les deux pays ayant rompu leurs relations diplomatiques en 1980 avant de les renouer en 2006.

Cette opération américaine annoncée par la Syrie survient alors que le régime du président Bachar al-Assad a commencé à sortir de son isolement diplomatique international.

L'armée américaine, depuis l'invasion de l'Irak 2003, a mené plusieurs opérations contre des combattants étrangers, notamment arabes, qui passent par le poste irakien d'Al-Qaëm, à la frontière syrienne, pour prêter main forte aux insurgés en Irak, selon les Américains.