La chef du parti Kadima au pouvoir en Israël, Tzipi Livni, a fixé jeudi un ultimatum à ses alliés potentiels en se donnant jusqu'à dimanche pour former un gouvernement de coalition, faute de quoi le pays se dirigerait vers des élections anticipées début 2009.

«L'heure de la décision est venue. Je viens de parler au président (Shimon Peres) pour lui annoncer que j'ai l'intention de le rencontrer dimanche pour lui annoncer ma décision: soit nous formons un nouveau gouvernement, soit nous allons à des élections», a déclaré à la presse Mme Livni à l'occasion d'une rencontre avec des membres de son parti au parlement.

Tzipi Livni a fait cette déclaration alors que les négociations avec les ultra-orthodoxes du Shass (12 députés) ainsi que le parti des Retraités (7 députés), membres de la coalition sortante, ont présenté des exigences financières jugées exorbitantes comme prix de leur soutien.

Or, sans l'appui de ces deux formations, Tzipi Livni ne dispose pas de la majorité nécessaire de 60 députés sur 120.

Le Shass réclame une rallonge de 400 millions de dollars pour financer une augmentation des allocations familiales, tandis que le parti des Retraités exige une augmentation des pensions dont la facture pourrait atteindre près de 900 millions de dollars.

Selon les commentateurs, Mme Livni, en fixant une date butoir aux tractations, a voulu «mettre la pression» sur ces deux formations en espérant qu'ils céderaient dimanche, à la veille de l'ouverture de la session d'hiver du parlement.

Elle a ainsi décidé de ne pas attendre l'expiration, le 3 novembre, du délai qui lui avait été imparti, aux termes de la loi, par le président Peres pour soumettre sa coalition gouvernementale à l'approbation de la Knesset.

«J'ai estimé qu'il était de mon devoir de tenter de constituer un gouvernement surtout en ce moment afin de favoriser la stabilité et je pense que c'est toujours préférable aujourd'hui pour le pays. J'ai mené des négociations avec tous les partenaires possibles en vue de former un gouvernement stable», a-t-elle expliqué.

Mme Livni, ministre des Affaires étrangères, disposait légalement d'un total de 42 jours, expirant le 3 novembre pour former son gouvernement.

Elle a succédé à la tête de Kadima au Premier ministre Ehud Olmert, qui a démissionné en septembre après avoir été mis en cause dans des affaires de corruption. M. Olmert reste cependant à la tête d'un gouvernement de transition, le temps qu'un nouveau cabinet soit formé.

Le Kadima (29 députés) et le parti travailliste (19 députés) ont paraphé le 13 octobre un accord de coalition.

Le député Tzahi Hanegbi, chargé de négocier avec les partenaires potentiels de Kadima, a affirmé que son parti avait «épuisé sa marge de manoeuvre». «Il y a une limite aux marchandages», a-t-il affirmé à la radio militaire.

«Ce constat est valable pour le Shass et le parti des Retraités ainsi que les autres formations qui n'ont pas su apprécier à sa juste valeur la fermeté de Tzipi Livni. Le bazar, on en a assez», a lancé Tzahi Hanegbi, qui est également président de la commission de la Défense et des Affaires étrangères du parlement.

Le président Peres peut théoriquement, dans les trois jours suivants l'expiration du délai de 42 jours, confier à un(e) autre député(e) le soin de former le cabinet dans un délai de 28 jours.

En cas de nouvel échec, un autre élu peut à son tour être choisi par M. Peres pour tenter d'y parvenir dans les 14 jours. S'il échoue lui aussi, des élections générales doivent se tenir dans les 90 jours.

Mais selon les commentateurs, si Mme Livni échoue, des élections anticipées constituent la seule solution faute d'un autre candidat crédible, alors que la législature actuelle doit normalement s'achever en 2010.